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Publié le 22/12/25 à 16h04
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Un collectif de préservation numérique affirme avoir aspiré la quasi-totalité du catalogue du géant suédois du streaming musical, Spotify. Une démarche qui soulève d'épineuses questions juridiques.
300 téraoctets de musique Spotify circulent désormais en dehors de la plateforme. © Algi Febri Sugita
L'opération sidère par son ampleur. Anna's Archive, collectif connu pour ses sauvegardes massives d'ouvrages et d'articles scientifiques, vient d'accomplir un exploit technique sans précédent : l'aspiration intégrale, ou presque, de Spotify. Dans un billet publié le 21 décembre, le groupe revendique l'archivage de métadonnées concernant 256 millions de morceaux et de fichiers audio pour 86 millions de titres, représentant 99,6 % des écoutes sur la plateforme.
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L'ensemble totalise près de 300 téraoctets, diffusés par torrents, et hiérarchisés selon leur popularité.
Un patrimoine musical menacé de disparition ?
Anna's Archive justifie l'entreprise par une vocation patrimoniale. Les succès populaires bénéficient d'une sauvegarde naturelle, mais le collectif s'inquiète du devenir des œuvres confidentielles, susceptibles de s'évaporer en cas de retrait de licences ou de fermeture des plateformes. Les fichiers proviennent directement de Spotify : les morceaux plébiscités conservent leur format d'origine à 160 kbps, tandis que les titres délaissés ont été compressés pour économiser l'espace de stockage.
Le collectif revendique avoir constitué “la première archive de préservation pour la musique entièrement ouverte”, reproductible par quiconque dispose d'un espace disque suffisant. La base de données recense 186 millions d'ISRC uniques — ces codes internationaux d'enregistrement sonore — contre seulement 5 millions pour MusicBrainz, référence mondiale en la matière.
Anna's Archive justifie l'opération par un constat frappant : 70 % des morceaux sur Spotify totalisent moins de 1000 écoutes. “Bien que les morceaux populaires soient déjà bien préservés, il existe une longue traîne de musique qui n'est préservée que lorsqu'une seule personne se soucie suffisamment de la partager”, argumente le collectif. À l'inverse, les trois titres les plus écoutés actuellement (dont Die With A Smile de Lady Gaga et Bruno Mars) cumulent plus d'écoutes que 20 à 100 millions de titres confidentiels réunis.
Répartition des écoutes Spotify par niveau de popularité : l'essentiel du trafic se concentre sur une infime fraction du catalogue (popularité 50-80) © Anna's Archive
Spotify reconnaît un "accès non autorisé" mais conteste l'étendue de la fuite
La riposte n'a pas tardé. Dans une déclaration transmise à Android Authority, Spotify indique qu'une enquête sur “un accès non autorisé a révélé qu'un tiers a aspiré des métadonnées publiques et employé des tactiques illicites pour contourner les protections DRM afin d'accéder à certains fichiers audio de la plateforme”. L'entreprise minimiserait a priori l'étendue de l'intrusion, évoquant “certains” fichiers seulement.
La collision entre préservation culturelle et droit d'auteur devient frontale. Spotify exploite son catalogue sous licence des maisons de disques, selon des stipulations contractuelles strictes. L'aspiration massive et la redistribution par torrents transgressent les conditions d'utilisation et les législations sur la propriété intellectuelle dans de nombreux pays. La noblesse des intentions ne change rien : le droit ne prévoit aucune dérogation. Les majors du disque riposteront probablement avec vigueur, même si remettre cette archive dans sa boîte s'annonce techniquement ardu.
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