« Les problématiques rencontrées par la société civile et économique dans sa transition écologique se heurtent à des verrous scientifiques qui nécessitent de mobiliser les chercheurs du monde académique. Et ce que nous faisons avec le programme Thèses », explique Sophie Jullian, présidente du conseil scientifique. Chaque année, sur une moyenne de 200 candidatures, 40 à 50 nouveaux projets sont ainsi financés ou co-financés pour une durée de trois ans. Le président Sylvain Waserman aime d’ailleurs rappeler : « L’ADEME c’est 600 ingénieurs, en prise directe avec les entreprises et les collectivités, et 150 doctorants, avec des thématiques de recherche qui permettent d’imaginer les solutions de demain. C’est la force de notre modèle : une expertise de pointe qui irrigue et se nourrit de notre présence territoriale au plus près des projets ». Pour ces doctorants, c’est donc l’assurance de faire une thèse sur un sujet réellement impactant pour la société et pour les territoires puis, in fine, de trouver rapidement du travail.
Qui sont les lauréats ? « Nous sélectionnons les projets les plus solides et innovants qui sont en lien avec nos priorités thématiques, comme la préservation des ressources, les énergies renouvelables ou l’économie circulaire », explique Fabrizio Botta, chef du service Recherche. Ces dernières années, les sujets issus des sciences humaines et sociales (psychologie, économie...) ont, aussi, fortement augmenté. Andrea Lulovicova, actuellement post-doctorante en géographie au Laboratoire ESPACE de l’université Côte d’Azur à Nice, témoigne : « Je n’aurais pas pu faire ma thèse sans l’ADEME. Bien que mon projet sur l’impact des systèmes agroalimentaires locaux contribue à la transition écologique des territoires, il était avant tout sociétal et sans enjeux financiers susceptibles d’intéresser un partenaire. L’Agence l’a donc financé à 100 %, ce qui est rare ».
Former des profils d’experts opérationnels
Au total, depuis 1992, près de 2000 doctorants ont bénéficié de ce programme Thèses. D’après une enquête récente, 90 % se disent globalement satisfaits de leur thèse. « Contrairement à d’autres programmes de financement, le nôtre offre aux doctorants un statut de salariés de l’Ademe et ils sont suivis par un référent interne », précise Fabrizio Botta. Concrètement, ils travaillent donc dans un laboratoire universitaire d’accueil, mais bénéficient des formations de l’Agence, participent à des rencontres annuelles entre thésards... Autre particularité : « Leurs résultats scientifiques alimentent directement l’action publique : ils sont notamment utilisés dans les avis que nous publions ou dans des groupes de travail ministériels », précise notre interlocuteur. Quant à leur insertion professionnelle, 74,5 % des docteurs trouvent un emploi dans les six mois après leur soutenance. Même si certains créent leur start-up, la plupart travaille en tant que chercheurs dans des entreprises privées ou dans la fonction publique. Les derniers diplômés ont par exemple intégré des opérateurs de l’état (BRGM, CSTB, INERIS...), le Haut conseil pour le climat ou l’ADEME.
Comment mettre en lumière le travail des chercheurs et le rendre accessible à un large public ? Après plusieurs essais concluants, l’ADEME a choisi le format graphique et synthétique des infographies. Les “thèses en images”, c’est leur nom, relèvent le défi de présenter les résultats de trois ans de travail en seulement cinq illustrations. « L’objectif est de créer un trait d’union avec la population en vulgarisant tous les sujets, même les plus complexes », explique Stéphanie Guignard, responsable de valorisation R&D, qui est à l’initiative de ce dispositif.
Neuf infographies sont actuellement disponibles et une dizaine sera désormais produite chaque année. « Ces infographies peuvent concerner tous les sujets d’action de l’Agence », explique la responsable du dispositif. Pour les graphistes, l’exercice est ambitieux : ils doivent “traduire” les données, souvent complexes ou volumineuses, d’une thèse en dessins tout en veillant à la rigueur scientifique. Le format est donc très éloigné des posters scientifiques plus conventionnels, mais il plaît : « Les jeunes docteurs se le sont approprié et l’utilisent sur les réseaux sociaux, comme Linkedin par exemple, ou lors d’évènements comme la Fête de la Science. C’est une démarche d’ouverture dont ils sont fiers ».

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