Dominique Blanc, libre dans sa tête, quitte la Comédie-Française

il y a 1 day 2

 « L’état de santé de mon amoureux est incompatible avec le rythme particulièrement sportif d’une maison où j’aurai pourtant vécu les dix plus belles années de ma vie professionnelle ».

Dominique Blanc: « L’état de santé de mon amoureux est incompatible avec le rythme particulièrement sportif d’une maison où j’aurai pourtant vécu les dix plus belles années de ma vie professionnelle ». Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA

Sociétaire depuis 2021, la comédienne discrète quittera le 11 juillet 2026 l’institution.

Passer la publicité Passer la publicité

Il y a une vie en dehors de la Comédie-Française pour Dominique Blanc. La comédienne qui a marqué les annales du théâtre avec La Douleur de Marguerite Duras sous la direction de son ami Patrice Chéreau a décidé de quitter la Comédie-Française en juin 2026. « L’état de santé de mon amoureux est incompatible avec le rythme particulièrement sportif d’une maison où j’aurai pourtant vécu les dix plus belles années de ma vie professionnelle », a-t-elle expliqué à Télérama. Et cette actrice d’une discrétion peu commune d’ajouter : « À la veille de mes 70 ans, j’ai besoin de liberté. »

En octobre dernier, elle avait déjà rendu sa Légion d’honneur remise en 2014 par François Hollande pour protester contre la prolongation de Rachida Dati au ministère de la Culture. « Évidemment, il y a présomption d’innocence, mais quand on est un homme ou une femme politique il faut avoir une grande honnêteté, une grande intégrité par rapport au peuple français. Elle aurait dû refuser la deuxième nomination et partir », confiait-elle alors à L’Humanité.

Passer la publicité

Pas moins de quatre Césars

Née Rose Marie Blanc à Lyon le 25 avril 1956, la quatrième d’une fratrie de cinq enfants Dominique Blanc est entrée au Français à l’âge de 60 ans, le 19 mars 2016 à la demande de l’ancien administrateur général Éric Ruf. Il lui donnait la réplique en Hippolyte dans Phèdre. Elle était devenue la 538e sociétaire de la maison de Molière en 2021. L’an dernier, elle était une impressionnante Varvara Petrovna dans Les Démons, adapté du texte de Dostoïevski par le metteur en scène flamand Guy Cassiers. Elle a été en outre une épatante Suzanne dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais mise en scène par Jean-Pierre Vincent et une prodigieuse Dorine dans Le Tartuffe de Molière, réinventé par Ivo van Hove.

Son interprétation de La Douleur de Marguerite Duras dans la mise en scène de Thierry Thieû Niang lui a valu le Molière de la meilleure comédienne (2010). Celles de Nora Helmer dans Une maison de poupée montée par Deborah Warner, puis celle de Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses sous la férule de Christine Letailleur l’ont vu en recevoir deux autres.

Elle est également très présente au cinéma où elle a été récompensée par pas moins de quatre Césars, dont celui de la meilleure actrice pour Stand-by de Roch Stéphanik en 2001 (Milou en mai, de Louis Malle, Ceux qui m’aime prendront le train, de Patrice Chéreau...) . Son rôle de Madame de Maintenon dans le téléfilm L’Allée du Roi de Nina Companeez tiré du roman de Françoise Chandernagor l’a fait connaître du grand public (1996). Elle nous avait récemment parlé de son affection et de son admiration envers Michel Piccoli, qu’elle avait rencontré en 1983. Et qui l’avait dirigé dans ses films. Elle est intarissable sur la liberté de son jeu et son humour (Il avait pris l’habitude de lui envoyer des blagues).

Dominique Blanc a attrapé le virus du théâtre au collège. Déçu qu’elle ne se lance pas dans un « métier sérieux », son père lui a coupé les vivres, mais elle le remercie toujours de l’avoir fait. Elle abandonne des études d’architecture pour « monter » à Paris. S’inscrit au cours Florent, exerce plein de petits boulots comme modèle ou promeneuse de chiens pour payer ses cours. Passe trois ans au conservatoire et à la Rue Blanche, puis entre dans la classe libre du cours Florent avec Francis Huster comme professeur. Et ensuite Pierre Romans dont elle n’a jamais oublié les enseignements. C’est à cette époque que la remarque Patrice Chéreau. L’expérience ne change rien à l’affaire, elle a toujours le trac. Et n’en revient pas d’être désormais inscrite au programme du baccalauréat « spécialité théâtre ».

Lire l’article en entier