Eurovision Junior : pourquoi la France gagne-t-elle si souvent ?

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Et de 4 ! Ce samedi après-midi 13 décembre, la France a décroché son quatrième trophée au concours Eurovision Junior de la chanson. Depuis la scène de Tbilissi, en Géorgie, la jeune Lou Deleuze, 11 ans, a réussi à s’imposer avec sa chanson « Ce monde », une ritournelle qui lui a rapporté un total de 248 points, écrasant largement ses concurrentes ukrainienne (177 points) et géorgienne (176 points), et même le favori arménien (175 points).

La petite francilienne vient donc s’ajouter à la liste des victoires françaises, succédant à Valentina en 2020, Lissandro en 2022 et Zoé Clauzure en 2023. Elle permet ainsi à la France de détenir le record de réussites dans la version de la compétition réservée aux 9-14 ans, à égalité avec la Géorgie. « Je ne réalise toujours pas, nous confiait samedi soir Alexandra Redde-Amiel, cheffe de la délégation française et directrice des divertissements de France Télévisions. À chaque fois, c’est la même sensation. Accompagner ces artistes, c’est plus que du travail, c’est du cœur et c’est toute une équipe qui est récompensée à travers cette victoire. »

Des enfants déjà expérimentés

Il faut dire que la France a pris l’habitude d’envoyer des enfants avec une certaine expérience. Fille d’un luthier, Lou Deleuze a en effet une petite carrière derrière elle. En 2022, à seulement 7 ans, elle joue dans « Le Parfum vert » avec Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste. Avant de devenir l’année suivante le personnage principal du film « Les Dents du bonheur » de Joséphine Darcy Hopkins, qui lui a valu d’obtenir le prix Unifrance de l’interprétation féminine au Festival de Cannes. L’an dernier, elle a également été candidate de « La France a un incroyable talent » sur M 6 mais n’a pas passé le cap des sélections.

« Cela n’explique pas tout, tempère toutefois Benoît Blaszczyk, secrétaire d’OGAE France (l’Organisation générale des amateurs de l’Eurovision). Quand nous envoyons Louane à l’édition adultes, nous finissons à une bonne place. Et finalement, notre meilleur classement depuis des années, c’est Barbara Pravi, qui était une inconnue du grand public à ce moment-là. D’ailleurs, la prestation de Lou ressemblait fortement à la sienne avec Voilà, en 2021. »

Pour ce spécialiste du concours européen, l’enjeu moins important de la version junior a aussi un impact. « Il y a moins de pays, 18 cette année contre 26 en mai. Et les Scandinaves n’y participent pas, alors qu’ils trustent les premières places de la version adultes, pointe-t-il. On note également une vraie envie de plaisir chez les enfants, là où leurs aînés peuvent parfois ressentir une pression énorme. C’est une fête pour eux. La grande collégiale de chaque édition le montre. Cela n’existe pas chez les adultes. »

On vote différemment dans la version junior

Les modalités du vote sont également différentes. Si dans la version adultes, il est impossible de soutenir son propre pays, cette règle est absente de la version « kids ». « Cela se fait gratuitement, par Internet, avec la possibilité de voter jusqu’à trois fois et pour sa nation. Cela peut avoir un impact sur la France, qui est très peuplée. Mais cela n’a pas empêché la Géorgie, qui ne compte que 3,7 millions d’habitants, de gagner à plusieurs reprises. »

Et puis il y a la chanson, évidemment. « On a proposé beaucoup de prestations différentes. On a eu de la pop hypercolorée avec Valentina, du rock qui détonnait du reste avec Lissandro, du disco avec Zoé Clauzure… Il y a des titres qui marchent à l’Eurovision Junior mais il n’y a pas de moule particulier », estime celui qui s’attendait à voir « quelque chose de super sympa ou de rigolo » l’emporter cette année. Mais savoure la victoire de Lou, avec sa ballade écrite par Linh et chargée d’un message pour « changer le monde de demain », qu’il a suivie sur place. « J’avais compris avant la fin que c’était bon, en comptant les votes ! »

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