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Vainqueur du dernier Vendée Globe malgré un cancer à l’intestin, le Normand a été honoré, ce lundi soir, au Casino de Paris.
Un déluge d’applaudissements et une émotion à tordre les boyaux lorsque Tony Estanguet, le patron de Paris 2024, a lâché son nom sur la scène du Casino de Paris. Ce lundi soir, au milieu des larmes, Charlie Dalin a été nommé marin de l’année 2025 pour sa victoire en janvier dernier dans le mythique Vendée Globe. Une performance et un triomphe (record battu de neuf jours), après sa «première deuxième place» quatre ans plus tôt (il avait passé la ligne en premier mais été doublé au classement par Yannick Bestaven, suite à une compensation de temps pour sa participation à un sauvetage), qui lui auraient sûrement suffi pour empocher pour la première fois ce titre envié de Marin de l’année.
La révélation en octobre dernier qu’un passager clandestin, à savoir un cancer rare de l’intestin, l’avait accompagné sur son monocoque Macif Santé Prévoyance durant cet incroyable combat autour de la planète, l’a fait basculer dans une toute autre dimension. «La première fois que j’ai suivi cette cérémonie, c’était en 2009, avec le sacre de Michel Desjoyeaux . Cela me touche beaucoup. C’est un très grand honneur d’être ici ce soir. Vraiment merci !», a soufflé le lauréat.
Lors d’un déjeuner à l’Assemblée Nationale, à l’invitation du député-navigateur Jimmy Pahun, les quatorze membres du jury rassemblé par Jean-Luc Denéchau, président de la Fédération française de voile et Corinne Migraine, récemment élue vice-présidente de la fédération internationale, n’ont pas tiré de bords interminables pour se mettre d’accord sur le nom du grand vainqueur (déjà plébiscité par les 8000 votants du public sur internet). Dès les premiers échanges entre Tony Estanguet, le président du jury, les officiels de la FFVoile, les autorités militaires et les journalistes, Charlie Dalin est apparu incontournable. Et dès le premier tour du vote, le marin de 41 ans a été élu à l’unanimité. Une première dans l’histoire de ce trophée.
Qualités humaines
Tony Estanguet, le patron du jury, a confirmé que ce choix était une évidence pour ses membres, même si Alexis Loison (vainqueur de la Solitaire du Figaro 2025) et Charlotte Yven (deuxième de la Solitaire et première femme à remporter le championnat de France de course au large) sont notamment apparus dans les discussions.
«Charlie Dalin cochait vraiment toutes les cases, a-t-il détaillé. Je crois qu’on a tous remarqué qu’au niveau sportif, la performance qu’il a réalisé cette année, j’allais dire comme il y a quatre ans presque, est extraordinaire. Au-delà de ça, on a aussi été ému par les qualités humaines qu’il a su dégager dans sa performance, la manière dont il a géré cet exploit sportif en le partageant avec le grand public, en étant capable de rester l’image d’un champion qu’on a tous en tête, qui est à la fois le meilleur dans son sport mais qui en plus est capable d’être exemplaire dans son comportement, dans son humanité.»
Et le patron des Jeux olympiques de Paris 2024 d’ajouter, en référence à la terrible maladie du marin normand : «La révélation de son cancer a ému aussi énormément le grand public puisqu’il a, là aussi, réussi à trouver les mots qui dépassent de très, très loin le registre du sport, (…) pour toucher le cœur des gens. Charlie Dalin a très bien exprimé que c’est d’abord un homme qui lui-même est sujet à ce genre de maladie et qu’il a réussi à le gérer d’une manière extraordinaire. Donc ça nous rappelle à tous notre fragilité et en même temps le combat qui a été le sien encore plus fort pendant ce Vendée Globe.»
Sa performance était extraordinaire. Il l’a portée à un niveau au-delà du sport et je trouve que cela a ému les Français
Tony EstanguetLa belle unanimité du jury n’a évidemment pas surpris Tony Estanguet. «Depuis maintenant quelques mois, on voit bien que c’est le marin qui a marqué cette année 2025. Il est, je trouve, un très bel ambassadeur pour la voile, mais au-delà de ça, pour le sport français en général. Je crois qu’il a dépassé les frontières de son sport et on sait combien c’est difficile dans des sports comme celui-là. Sa performance était extraordinaire. Il l’a portée à un niveau au-delà du sport et je trouve que cela a ému les Français, même à l’international, parce qu’il n’y a pas que son niveau sportif qui a impressionné, mais c’est aussi sa personnalité et son humanité qui ont fait la différence».
Élu «Sailor of the year» par la Fédération internationale de voile, le 6 novembre dernier, Charlie Dalin signe donc un doublé jamais réalisé. Une grande première pour un marin et un homme qui nous a tout simplement tiré des larmes lors de son arrivée victorieuse en janvier dernier, puis en octobre, lors de l’annonce de sa maladie.
