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DÉCRYPTAGE - En 2024, le nombre de décès en France métropolitaine a surpassé le nombre de naissances pour la première fois depuis plus d’un siècle, révèle l’Ined ce mardi. Ils ne sont plus qu’une petite poignée d’États européens à résister.
Un événement : pour la «première fois depuis plus d’un siècle hors périodes de guerre», la France métropolitaine affiche un solde naturel - différence entre le nombre de naissances et de décès - négatif. C’est le constat implacable dressé par une étude parue mardi de l’institut national d’études démographiques (Ined). En 2024, l’Hexagone a ainsi connu 629.000 naissances pour 630.000 décès. Seuls les départements d’Outre-mer permettent à la France de figurer encore parmi la poignée de pays de l’Union européenne qui présentent un solde naturel positif.
En 2019, ils étaient encore treize dans ce cas de figure : la France donc, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, la République tchèque, la Suède, l’Autriche, le Danemark, la Slovaquie, l’Irlande, Chypre, le Luxembourg et Malte. Le solde naturel de l’Union européenne dans son ensemble était alors de -0,7, c’est-à-dire qu’on comptait 0,7 décès de plus que de naissance pour 1000 habitants. Selon un rapport de l’Ined publié l’année dernière, ce solde s’est nettement dégradé en 2023, passant à -2,7. La liste des pays présentant un solde positif s’est réduite à six membres : la France (0,7), la Suède (0,5), l’Irlande (3,7), Chypre (3,9), le Luxembourg (2,8) et Malte (0,8).
Pourquoi ces pays-là en particulier ? Tout d’abord, notons qu’ils sont difficilement comparables. La France est le deuxième pays le plus peuplé de l’UE derrière l’Allemagne et fait donc vraiment figure d’exception dans cette liste. Un deuxième petit groupe peut être constitué avec l’Irlande et la Suède. Viennent ensuite les trois pays les plus petits de l’UE - Chypre, le Luxembourg et Malte - avec une population inférieure à un million d’habitants.
Reste que ces six pays présentent certaines similitudes. Notamment du côté des caractéristiques structurelles des populations : les six pays présentent un âge médian en dessous de la moyenne de l’Union européenne (44,5 ans). «Les plus jeunes sont l’Irlande et quatre pays peu peuplés (Luxembourg, Slovénie, Malte et Chypre)», note l’Ined. Par ailleurs, la part des personnes nées à l’étranger parmi la population est élevée. Elle oscille entre 20 et 28% pour des petits pays (Malte, Chypre) et des pays d’immigration plus ancienne (Irlande, Suède), quand la moyenne dans l’UE est à 13,4%. Le Luxembourg détient le record absolu avec 50,5%. La France est à 13,1%.
Bonne espérance de vie
Du côté des naissances, la France (1,79) et l’Irlande (1,54) sont dans le top 10 des pays où l’indice de fécondité est le plus élevé en 2022. En 2024, le chiffre tombe à 1,62 enfant par femme pour la France. L’Ined note dans son dernier rapport que «la France risque ainsi de perdre prochainement son statut, unique en Europe, de pays où la descendance finale (nombre d’enfants mis au monde par les femmes d’une génération au cours de leur vie reproductive) assure encore le renouvellement des générations, avec un peu plus de deux enfants par femme.»
Autre fait intéressant à noter, l’Irlande est l’un des pays où les femmes ont leur premier enfant le plus tard dans l’UE (31,5 ans en 2022). En revanche, Malte (1,08), le Luxembourg (1,31) et Chypre (1,37) sont parmi les pays de l’UE où la fécondité est la plus faible. Toujours côté naissances, trois des six pays de la liste n’ont dépénalisé que très récemment l’avortement : le Luxembourg en 2014, Chypre et l’Irlande en 2018. À Malte, depuis 2023, les femmes peuvent avorter uniquement si leur vie est en danger et que le fœtus n’est pas viable.
Enfin, tous ces pays sont bien classés en Europe en ce qui concerne l’espérance de vie. La Suède, Malte, le Luxembourg et l’Irlande sont les quatre États où les hommes vivent le plus longtemps. La France est dans le tiers supérieur, avec un classement bien meilleur pour les femmes (3e rang) que pour les hommes (11e rang).
