La fin d’un partenariat du Mucem avec une société accusée de liens avec Israël vire a la bataille politique

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Le musée a annoncé vendredi rompre d’un commun accord sa convention de mécénat qui le lie à la société américaine, Digital Realty.

Le musée a annoncé vendredi rompre d’un commun accord sa convention de mécénat qui le lie à la société américaine, Digital Realty. Urman Lionel/ABACA

Sous pression de militants pro palestiniens, le mécénat d’une entreprise américaine liée à une société israélienne a été rompu. Le Crif demande une enquête.

Un vent mauvais souffle sur le Mucem et ce n’est pas le mistral. Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée depuis plusieurs mois est confronté à des activistes d’extrême gauche pro palestiniens de la coalition Divest from Digital Realty. Ceux-ci reprochent avec véhémence à l’institution de recevoir des fonds d’une société américaine, Digital Realty. Spécialisé dans les data centers, ce groupe américain est l’un des principaux soutiens du musée avec la Caisse d’Épargne. Il était présent au Mucem depuis dix ans, et possède déjà 4 data centers à Marseille.

Pour les activistes, cette société est « complice du génocide à Gaza », car liée à au géant de l’immobilier israélien Mivne Real Estate (à travers un projet de data center près de Tel Aviv). Depuis mars, protestations et manifestations se sont multipliées. En juillet, des militants s’étaient rassemblés devant le musée, brandissant une banderole « Digital Realty finance le Mucem et le génocide en Palestine ». Fin septembre, plusieurs dizaines d’artistes avaient signé une pétition appelant le musée à « rompre ses partenariats » avec cette entreprise, avançant qu’en « 2021, Digital Realty s’est associée à Mivne Real Estate (Israël) pour développer des data centers au Proche-Orient, une entreprise critiquée pour ses liens avec des activités de colonisation et la violation des droits humains ». Le musée a porté plainte à plusieurs reprises.

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Face à cela, et à la mauvaise publicité, le mécène a proposé cette semaine de se retirer. « Dans un contexte marqué par des interruptions répétées de la programmation du musée, le Mucem et Digital Realty, ont décidé 
conjointement, dix ans après la signature de leur première convention de mécénat, de ne pas renouveler leur partenariat en 2026, explique le musée dans un communiqué diffusé vendredi. Cette décision, prise d’un commun accord, vise à ce que le musée poursuive sereinement ses missions et sa programmation dans un climat apaisé. »

Quelle qu’en soit l’origine, la rupture du contrat avec Digital Realty a été saluée par les activistes. C’est « une grande première dans l’histoire des partenariats et mécénats culturels liés aux entreprises complices de la colonisation israélienne », estiment-ils. Mais à quelques mois des municipales, l’affaire est également devenue très politique. Le président Horizons de la région Paca, Renaud Muselier, et Martine Vassal, présidente du conseil général des Bouches-du-Rhône et candidate à la mairie de Marseille soutenue par les macronistes et LR, ont annoncé suspendre « toute coopération » avec le musée national.

Les deux élus dénoncent « l’importation du conflit israélo-palestinien » au Mucem. « Nous refusons toute compromission avec l’antisémitisme et le racisme dans les instances que nous finançons. Aujourd’hui, nous demandons de la clarté », écrivent-ils. Un conseil d’administration d’urgence, où siègent des représentants des collectivités, a été réclamé après leur décision. « Depuis 2016, la région a engagé 550 000 euros pour plusieurs partenariats, travaux et expositions » avec le musée, fait savoir le cabinet de Renaud Muselier. Sur le budget global de 26,1 millions d’euros en 2024, le mécénat représente 1,5 million d’euros et les subventions de l’État, 19,5 millions d’euros.

À l’inverse, le député insoumis Sébastien Delogu, également candidat aux municipales de mars et soutien de la cause palestinienne, a apporté son «soutien aux personnels du Mucem, qui subissent les attaques de la droite et de l’extrême droite».

De son côté, Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a appelé vendredi sur les réseaux sociaux Rachida Dati, à « diligenter une enquête sur cette décision inacceptable ». 

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