Le monde est malade de ses dettes. Et les symptômes sont de plus en plus inquiétants. Symbole de cet accès de fièvre, un chiffre fou : 346 000 milliards de dollars, c’est le montant total de l’endettement public et privé dans le monde, d’après la dernière estimation de l’Institute of International Finance. Sur les 9 premiers mois de l’année, le crédit de la planète a grimpé de 26 000 milliards, soit peu ou prou l’ensemble des richesses produites par les Etats-Unis sur une seule année. Une dérive de 675 milliards par semaine, vitesse inégalée dans l’Histoire.
Evidemment, les Etats sont à la manœuvre, lancés dans une course au réarmement, inédite depuis la guerre froide, au moment même où le vieillissement accéléré de leur population met partout sous tension les systèmes de protection sociale, retraite et assurance maladie. Les entreprises, elle, s’endettent à coups de milliards pour préparer leur transition énergétique et surtout, dans le cas des géants du numérique, intensifier leurs investissements dans l’intelligence artificielle.
Ne nous leurrons pas, une bonne partie de ces dettes ne seront jamais remboursées, les Etats se bornant à les faire "rouler", c’est-à-dire à réemprunter pour liquider les emprunts quand ils arrivent à échéance. Sur la seule année 2026, les pays développés devront refinancer 16 000 milliards de dollars ! Avec à la clé des tensions de plus en plus fortes sur les taux d’intérêt à long terme, que tenteront de calmer tant bien que mal les Banques centrales en assouplissant leur politique monétaire.
C’est tout le paradoxe de la situation : malgré ces tombereaux d’argent qui irriguent l’économie, la croissance va rester partout cotonneuse, même en Chine. Que se passerait-il si un nouveau cygne noir – une guerre impliquant l’Otan, une nouvelle pandémie… - venait ébranler ce château de sable ? Le monde ressemble de plus en plus à Bip Bip et Coyote, le cartoon de Warner Bros : il pédale au-dessus du vide.

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