Des traducteurs professionnels s’insurgent contre la maison d’édition spécialisée dans les romances qui passe, expliquent-ils « à grande échelle à la traduction automatique ».
Passer la publicité Passer la publicitéCe serait une première en France dont les traducteurs se seraient bien passés. Depuis quelques semaines, la maison d’édition Harlequin a traduit une dizaine d’ouvrages avec l’aide de l’intelligence artificielle. Cette nouvelle étape de l’évolution de l’intelligence artificielle préoccupe les professionnels de la traduction.
Dans un communiqué paru lundi 15 décembre 2025, l’association des Traducteurs littéraires de France et le collectif En chair et en os, rapportent le remplacement par l’éditeur Harlequin de ces traducteurs au profit d’un prestataire externe utilisant « l’intelligence artificielle et des relecteurs en freelances ». Ces dernières semaines, les traducteurs ont reçu des appels de l’éditeur « annonçant la fin de leur collaboration avec la maison d’édition ». Comme compensation, Harlequin a « proposé à ses anciens collaborateurs de travailler au rabais pour un prestataire externe (sans aucune garantie, d’ailleurs), Fluent Planet, au lieu de traduire pour une maison d’édition ». « C’est, à notre connaissance, la première fois en France qu’une maison d’édition passe à grande échelle à la traduction automatique et à la post-édition, de surcroît en externalisant cette activité » alerte le communiqué.
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Une phase « tests » pour faire face à la baisse de leurs ventes
Arrivé en France en 1978, Harlequin s’est spécialisé dans les livres de romance, avant d’être racheté par le groupe américain HarperCollins. La maison mère a réagi à la polémique en affirmant qu’« aucune collection Harlequin n’a été traduite uniquement par la traduction automatique générée par intelligence artificielle ». De son côté, l’éditeur s’est défendu assurant que pour le moment ce n’était qu’une phase de « tests » pour faire face au « déclin de leurs ventes sur le marché français ». « Fluent Planet recourt à des traducteurs expérimentés qui s’appuient sur des outils d’intelligence artificielle pour une partie de leur travail », se défend Harlequin.
Fluent Planet se présente comme l’agence de communication « la plus à la pointe sur les techniques humaines et numériques de traduction écrite » grâce à l’intelligence artificielle BrIan. Le dernier mot est tout de même laissé à l’humain assure le directeur général de Fluent Planet, Thierry Tavakelian. Concernant Harlequin, « l’éditeur a posé deux exigences très claires : que la qualité littéraire ne soit en aucun cas altérée et que le rôle du traducteur reste central », assure l’agence. Selon Yann Ferguson, directeur scientifique du laboratoire LaborIA, les métiers de traducteur, journaliste, graphiste et autres créateurs de contenus sont ceux qui subissent aujourd’hui le plus fort impact de l’intelligence artificielle.

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