Il y a diverses manières d’aborder des sujets de société au cinéma. Celle choisie pour « Love Me Tender », film réalisé par Anna Cazenave Cambet qui sort en salles ce mercredi, nous a carrément bluffés. Le sujet est celui de ces mères qui, après leur divorce, se voient du jour au lendemain privées de leurs enfants… Après un divorce à l’amiable, Clémence et son ex-mari Laurent partagent la garde de leur jeune fils, et s’entendent toujours bien.
Mais lorsque Clémence confie à Laurent qu’elle enchaîne les aventures avec les femmes, celui-ci essaye d’abord de récupérer son ex, avant d’obtenir la garde exclusive de leur fils, qu’il manipule pour avoir gain de cause. Une pénible procédure auprès des services sociaux et de la justice s’engage pour la jeune maman qui ne peut dans un premier temps plus voir son fils, puis seulement une heure de temps en temps, en présence d’assistantes sociales. Elle se bat même si le désespoir guette.
Un drame bouleversant
Anne Cazenave Cambet signe, avec « Love Me Tender », un magnifique drame sur ce sujet douloureux, dans lequel elle joue — de façon virtuose et touchante — l’équilibre fragile, précaire, entre des scènes tantôt sublimes et heureuses, tantôt bouleversantes. Il faut s’accrocher à son fauteuil pour encaisser ce que Clémence subit lors de ces redoutables sessions d’une heure dans des foyers sociaux, sans autorisation de se trouver seule avec son fils, mais qui constituent le seul droit de visite possible, arraché de haute lutte…
Il faut un sacré sens de l’art dramatique pour faire passer ce que ressent Clémence. Si elle est remarquablement épaulée par les belles prestations d’Antoine Reinartz (hyperdétestable dans le rôle de Laurent) et de Monia Chokri (qui campe Sarah, l’amoureuse de Clémence), Vicky Krieps y parvient avec une incroyable maestria. Traversant le long-métrage de façon lumineuse, elle livre dans le rôle de Clémence l’une de ses plus belles compositions à ce jour. Entre dignité, résistance, euphorie sentimentale, passages à vide et moments de renoncement, la comédienne casse tout en mère battante : une grande actrice qui donne tout pour un grand film.
La note de la rédaction :
4/5
« Love Me Tender », drame français d’Anna Cazenave Cambet. Avec Vicky Krieps, Antoine Reinartz, Monia Chokri… 2h13.




