Marie-Aline Meliyi se confie sur le racisme qu'elle a subi dans l'enfance

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INTERVIEW. Depuis la rentrée 2025, Marie-Aline Meliyi est aux commandes d'une nouvelle émission, LCI Direct sur la chaîne d'information en continu. La journaliste s'est confiée à Télé-Loisirs.

Ça donne le ton, Le Brunch du week-end, Le Club Info week-end… Marie-Aline Meliyi a régulièrement changé de tranche depuis son arrivée sur LCI tout en restant fidèle à la chaîne où elle a débuté en 2009. Depuis la rentrée, elle est aux manettes de LCI Direct du lundi au vendredi de 14h30 à 17h00. Un rendez-vous qui permet de décrypter l’actualité, entouré d'experts et consultants. Multi-casquettes, la journaliste de 41 ans s’est illustrée aussi sur le terrain lors de temps forts comme les funérailles du Pape, l’hommage à Robert Badinter ou les 80 ans du Débarquement.

"J'ai été conditionnée" : Marie-Aline Meliyi dévoile comment est né son goût pour l'information

Télé-Loisirs : Vous avez traversé une actualité particulièrement riche sur le plan politique en cette rentrée. Comment l’avez-vous vécu de l’intérieur ?
Marie-Aline Meliyi : C'était du jamais vu.
De mémoire d'experts internationaux et politiques, on n'avait jamais été confronté à de pareils rebondissements. Il faut dire aussi que la manière de traiter l’actualité a changé avec les réseaux sociaux. Il y a des prises de parole sur X (ex-Twitter, ndlr.), des boucles WhatsApp qui sont dévoilées dans la presse... Il n'y a plus du tout ce culte du secret. Ça change énormément la donne et c'est passionnant.

Mais ces rebondissements constants n’étaient pas épuisants ?
Mes débuts à la présentation comme titulaire ont été marqués par des épisodes particulièrement douloureux à couvrir en tant que journaliste et en tant qu’être humain. Je pense aux attentats de Nice en 2015. Je n'ai plus aucun souvenir de cette soirée à cause du choc. Le lendemain, je n’ai pas pu allumer la télévision. Quand on commence de cette manière-là, on est blindé.

Arrivez-vous à décrocher de l’actualité ?
À certaines périodes, j’en suis incapable. Il m’arrive de me coucher très tard pour regarder mon confrère Darius Rochebin jusqu'à minuit et demi. Dès le réveil, je commence à regarder ce qui se passe sur X. J'y suis accro. J'écoute aussi RTL, je regarde France Info et Sonia Mabrouk sur CNews. Je zappe beaucoup. Mais le samedi est une journée où je coupe totalement : je lis, je vais voir des expos…

Comment avez-vous attrapé le virus de l’information ?
Mes parents ne m'ont pas du tout influencé dans le travail que j'allais faire mais sans le vouloir, j'ai été conditionnée. J'ai toujours baigné dans l'information. On regardait le 13 heures et le 20 heures, quoiqu'il arrive, même en vacances. Ils adoraient débattre de ce qu'on avait entendu au journal télévisé. Ils se sont d'ailleurs abonnés à la chaîne LCI dès sa création.

Vous êtes à la tête d'une nouvelle tranche depuis la rentrée. Pourquoi ce changement ?
J'étais très heureuse d'être à la tête du Club Info le week-end. Mais au bout de trois ans, j'avais besoin de changer la manière dont j'exerçais mon métier. C'est un nouveau défi pour moi. Il faut faire vivre les temps forts de l'actualité que les téléspectateurs découvrent minute par minute en direct, tout en étant capable de la décrypter, de lui donner de la profondeur.

Vous avez été aux commandes de tranches différentes mais vous êtes au sein de la chaîne depuis 17 ans…
Je suis très discrète sur ma vie privée, mais je peux vous dire que je n'ai jamais eu une relation aussi longue (rires). Je partage avec ce groupe une vision de l'information comme le fait de donner du temps long à l'actualité. Il y a également beaucoup de portes qui sont ouvertes. Je ne suis pas sûre qu'au sein d'autres chaînes, j’aurais pu participer à des opérations spéciales. J'ai commencé par le reportage et c'est important pour moi de garder une connexion avec le terrain.

Marie-Aline Meliyi revient sur les attaques racistes qu'elle a subies en 2019 : "Mes confrères m'ont convaincue d'agir"

Est-ce qu'avant la rentrée, vous aviez été approchée par BFMTV alors que cette chaîne a connu de nombreux départs ?
J'ai eu des discussions mais pas avec BFMTV. Pour la plupart d'entre nous, il y a des contacts avec d'autres chaînes chaque année.

Vous êtes marraine au sein des Expertes à la Une, un programme destiné à renforcer la représentativité des femmes expertes dans les journaux télévisés de TF1 et LCI, ambassadrice pour le Sidaction et Pasteurdon… D’où vous vient cette volonté de vous engager ?
D'un sentiment d'injustice que j'ai réglé aujourd'hui. Pendant l'enfance, j'ai très mal vécu le racisme de ma couleur de peau, mais aussi le racisme social. Je me souviens très bien d'un camarade de classe qui était fils de pompier et qui se moquait de moi parce que mon père n'avait pas de voiture et que je n'avais pas des vêtements de marque. Je trouvais ça profondément injuste. À mon humble niveau, j'ai envie de faire ma part pour corriger les inégalités.

Vous avez été victime de tweets racistes en 2019, dont l’auteur avait été condamné par la justice… Est-ce que ces attaques sont derrière vous ?
Quand j'avais dénoncé ce tweet publiquement, je comptais m'arrêter là. Mais mes confrères m’ont convaincue d’agir. Et cela a complètement changé la donne pour moi. On se focalise beaucoup trop sur la parole haineuse. J’ai reçu une vague positive de téléspectateurs, de personnalités politiques, de journalistes de LCI et d'autres chaînes. Je me suis dit qu'il n'y avait pas que des vagues de haine sur les réseaux sociaux mais aussi des vagues de soutien. Ça m'a vraiment fait chaud au cœur et depuis je suis beaucoup moins embêtée.

Certaines journalistes comme Léa Salamé ou Isabelle Ithurburu jonglent entre le divertissement, le magazine et l'information. Auriez-vous envie de davantage vous diversifier ?
Je n'ai pas de frustration, mais je suis toujours ouverte à de nouveaux projets. Il m'arrive de faire des remplacements, à 24 Heures Pujadas ou Le Grand dossier. Ce sont des formats dans lesquels je suis particulièrement épanouie. Présenter une émission de débat où l'on a le temps d'approfondir des thèmes est un exercice auquel j'aspire.

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