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Carte Blanche
Jean Farago
physicien à l’Institut Charles-Sadron à Strasbourg, université de Strasbourg
Wiebke Drenckhan
(physicienne à l’Institut Charles-Sadron à Strasbourg, CNRS)
Dans leur Carte blanche au « Monde », les physiciens Wiebke Drenckhan et Jean Farago invoquent la magie de la physique à l’approche des fêtes de fin d’année.
Publié aujourd’hui à 12h30 Temps de Lecture 2 min.
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Décembre est un mois compliqué dans le nord de la Finlande. L’approche de la nuit de Noël met absolument tout le monde sur les dents, à commencer par le chef, qui harcèle les lutins du matin au soir, un pur exemple de patriarcat… Il faudra se calmer, M. Santa, ou on court tout droit au préavis de grève le 24 au matin ! Il y a quelques années, il est revenu comme une furie du hangar où on stocke le traîneau, ce dernier était soi-disant ignoblement sale. Les lutins ont tous dû s’arrêter de plier, d’ensacher, de couvrir, de faire froufrouter le bolduc pour aller, armés d’éponges et de vieilles brosses à dents, briquer le joujou du patron.
Seulement voilà, c’était infiniment lent, la crasse restait incrustée dans les circonvolutions compliquées des décorations… Tant et si bien que, peu de temps après, l’un de nous (Wiebke, dans une collaboration franco-allemande) a reçu un coup de fil de l’Administration bavaroise des châteaux (car le Père Noël aime opérer ainsi, voyez-vous, par « tiers de confiance », une façon de procéder bien connue des enfants…). Opportunément – mais nous ne sommes pas dupes –, ils cherchaient une expertise scientifique pour parvenir à nettoyer les quelque 40 carrosses du XVIIIe siècle. Un défi, sachant que l’époque baroque a adoré les stucs compliqués et les chichis à replis sans se préoccuper du petit personnel qui devait refaire briller après usage toutes ces fragiles décorations…
Noël ! Il est vite apparu que la physique des mousses allait pouvoir fournir « la » solution, pour peu que l’on procède avec subtilité. En effet, quand on fabrique une mousse avec de l’eau et du savon, on donne naissance à un objet éphémère, comme la mousse du bain moussant, qui, livrée à elle-même, disparaît en quelques minutes. Car une mousse est un assemblage de bulles dans une matrice liquide, qui spontanément se vident ou crèvent les unes dans les autres en produisant des bulles toujours plus grosses, malgré les molécules de savon dissoutes dans le liquide qui ralentissent le processus et stabilisent temporairement la structure.
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