Notre critique de Rebuilding, un cœur en cendres

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Film Rebuilding par Max Walker-Silverman, avec Josh O’Connor, une histoire traitée avec douceur et sans aucune explosion.

Film Rebuilding par Max Walker-Silverman, avec Josh O’Connor, une histoire traitée avec douceur et sans aucune explosion. Jesse Hope

CRITIQUE - Dans ce film qui explore l’Amérique profonde, Josh O’Connor incarne un fermier dont le ranch a brûlé. Un bouleversement qui va lui permettre de redonner du sens à sa vie. Une histoire traitée avec douceur et sans aucune explosion.

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Tout a brûlé. Le ranch est en cendres. La grange était bleue. Il n’en reste rien. Dusty (Josh O’Connor) contemple un paysage de terre noire, de troncs calcinés. Son passé est parti en fumée. Les incendies ne plaisantent pas, dans le Colorado. L’apocalypse a eu lieu. Dusty vend son cheptel aux enchères. Ce fermier laconique se réfugie dans un mobile home, au milieu de nulle part, parmi d’autres déracinés qui ont perdu leur maison. Il y a deux vieilles dames, une Afro-Américaine, un ancien pompier, un barbu taiseux. Le héros récupère sa fillette, dont il ne s’est visiblement pas tellement occupé. Pour ce divorcé, il est urgent de rattraper le temps gâché.

Il lui dit qu’il ne s’agit pas de vrais voisins. Callie-Rose (Lilly LaTorre) contemple son nouveau logement avec incrédulité. Elle se fait un ami de son âge, colle des étoiles luminescentes au plafond. Le père a un pauvre sourire. Quel avenir leur réserve-t-on ? Il pourrait se rendre dans le Montana pour travailler avec un cousin. La banque n’a pas l’air enchantée à l’idée de lui prêter de l’argent. Son ex-femme lui reproche ses absences répétées. Le soir, autour des caravanes, ces laissés-pour-compte fraternisent, partagent les repas, s’égarent dans de maigres confidences. Ces séquences ne sont pas sans rappeler Nomadland . Il n’y a pas de Wi-Fi. Pour faire ses devoirs, Callie-Rose doit aller devant la bibliothèque locale où elle trouve du réseau. Le soir, elle lit sur sa tablette. Ça ne va pas être facile de rebâtir la propriété qui était dans la famille depuis des générations.

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Des gestes et des silences

Rebuilding repose beaucoup sur les épaules de Josh O’Connor - dont le nom figure sur pratiquement tous les génériques du moment -, avec ses airs de chien battu, son ceinturon, son stetson et ses bottes de cow-boy. Le malheur l’a fermé comme un poing. Laconique, en permanence sur la réserve, c’est tout juste s’il ne s’exprime pas en morse. Les regrets n’ont pas besoin de vocabulaire. L’entraide se traduit par des gestes et des silences. Max Walker-Silverman, dont on aimerait voir A Love Song, prend son temps, explore l’Amérique profonde, pratique un cinéma allusif, d’une grande douceur, d’un calme tranquille, plein de sous-entendus. Cela repose. Aucune explosion.

Pas un alien à l’horizon. Que des humains, désemparés, se serrant les coudes, assistant à l’enterrement d’une grand-mère, se demandant pourquoi leur couple n’a pas résisté aux années, observant leur progéniture avec une sorte d’étonnement ravi et inquiet à la fois. Il n’est pas interdit de songer aux nouvelles de Raymond Carver, à certains romans de Russell Banks. Les ex ont refait leur vie avec des musiciens. Pourquoi les choses ont-elles mal tourné ? Le bout du rouleau n’est pas forcément une fatalité. À la fin, Callie-Rose ouvre un vrai livre. Avec son père, ils repeignent le mobile home en bleu. Il reste un peu d’espoir. Les fleurs finissent toujours par repousser.

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