« Nous ne faisons presque qu’un » : Carlos Alcaraz va devoir apprendre à vivre sans Juan Carlos Ferrero

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Même les plus belles histoires ont une fin… Après sept ans de vie commune, six titres du Grand Chelem, le sommet de l’ATP et 24 trophées au total, Carlos Alcaraz et son entraîneur Juan Carlos Ferrero ont mis un terme à leur collaboration. Une annonce surprise qui sonne comme une déflagration dans le monde du tennis, tant le numéro 1 mondial et son mentor avaient bâti au fil des saisons une relation fusionnelle. « Carlitos », arrivé à l’adolescence à l’académie Equelite près d’Alicante, ne pouvait s’empêcher de chercher de la voix ou du regard « Juanki » après chaque point joué.

« Ils sont très différents sur le plan personnel mais très similaires au niveau du tennis, nous confiait Antonio Martinez Cascales, lui-même mentor du vainqueur de Roland-Garros 2003 et fondateur d’Equelite. Carlos est un garçon ouvert, très extraverti alors que Juan Carlos est l’exact opposé. Un introverti qui ne se révèle que quand il a confiance. Sur un court, ils n’ont pas du tout la même façon de jouer mais ils se ressemblent par leur sens de la compétition, leur vision et leur état d’esprit. »

Es muy difícil para mí escribir este post… Tras más de siete años juntos, Juanki y yo hemos decidido poner fin a nuestra etapa juntos como entrenador y jugador.

Gracias por haber hecho de sueños de niño, realidades. Empezamos este camino cuando apenas era un chaval, y durante… pic.twitter.com/D4GSxYsZUY

— Carlos Alcaraz (@carlosalcaraz) December 17, 2025

En 2018, du haut de ses quinze ans, Alcaraz est encore loin de l’élite mondiale lorsque son agent Albert Molina l’amène faire un test dans le fief de l’ancien numéro 1 mondial. Sans songer un instant à le mettre dans les mains presque trop expertes de Ferrero.

« Personne n’aurait pu penser que Juan Carlos allait prendre Carlos sous son aile, sourit Martinez Cascales. Il venait de terminer sa première expérience de coach avec Zverev et il aurait été naturel qu’il reparte avec un joueur de ce calibre. Mais il a vu là un projet qui lui donnait beaucoup d’illusion. Aider un jeune à grandir et à se former, comme je l’ai fait avec lui. »

Le triple vainqueur de la Coupe Davis refuse alors des offres lucratives à temps partiel de cadors comme Dominic Thiem ou Juan Martin Del Potro pour consacrer 100 % de son énergie à ce talent qu’il voit aller très loin. Bien vu. Le duo va vite gravir les échelons jusqu’à la victoire en Grand Chelem et la première place à l’ATP en septembre 2022. Jamais un numéro 1 mondial n’avait été aussi précoce. Les deux Espagnols tissent un lien qui dépasse largement le cadre des courts.

« Son approche du travail et des sacrifices à faire est différente de la nôtre »

« On a toujours la même relation de proximité qui varie selon les moments de la journée, expliquait Ferrero l’an passé. Il y en a beaucoup dans lesquels je suis l’entraîneur pur et dur. Il y en a d’autres où je suis l’ami, parce qu’on plaisante et qu’on est tout le temps ensemble. Et le côté paternel, je le laisse à son père ! En fait, nous ne faisons presque qu’un. Nous pensons de la même manière. Pas besoin d’en dire trop. Un coup d’œil suffit et nous savons ce que l’autre pense. »

En 2023, le quadragénaire expliquait même qu’il considérait son élève comme son quatrième enfant. « J’ai trois enfants à la maison, et il est le quatrième, lançait-il. J’adore la relation que nous avons créée, ce n’est pas simplement un coach et son joueur. On a créé quelque chose de plus fort. »

Une proximité qui a parfois joué des (mauvais) tours au jeune Murcian. Incapable de trouver des solutions et de se sortir de situations difficiles sans la présence de son guide dans les gradins. Malgré son génie et son côté imprévisible ― qui en font le seul joueur du circuit capable de déstabiliser le métronome Jannik Sinner ― Alcaraz a longtemps montré le besoin d’être (télé)guidé.

Alcaraz va dans l’immédiat continuer avec Samuel Lopez

Ces derniers mois, le finaliste du Masters 2025 s’est surtout émancipé en hors du cadre tennistique, en faisant des choix, notamment en matière de vacances, qui n’ont pas spécialement ravi son formateur. Au point que Ferrero avait émis quelques doutes dans un documentaire Netflix (« A mi manera ») consacré à Alcaraz.

« Son approche du travail et des sacrifices à faire est différente de la nôtre, avouait-il. Tellement différente qu’elle me fait parfois douter et je ne sais pas si c’est comme ça qu’on devient le meilleur joueur de l’histoire. »

Visiblement à son grand regret, Ferrero regardera la suite ― et la réponse à ses interrogations ― s’écrire sans lui. Alcaraz, qui vise une première victoire à l’Open d’Australie en janvier, va dans l’immédiat continuer avec Samuel Lopez, déjà à ses côtés en 2025, avant d’étoffer son staff. Mais va devoir apprendre à vivre sans l’homme qui murmurait à son oreille et dont il partageait le cerveau…

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