Le timing n’était visiblement pas opportun. Le département de la Charente-Maritime devait voter ce vendredi 19 décembre une motion « en faveur de la santé environnementale » adressée au gouvernement. Fruit d’un compromis entre la majorité dirigée par la présidente (Horizons) Sylvie Marcilly et l’opposition divers gauche, le texte portant sur des « enjeux de santé publique » attendra finalement… l’an prochain. En cause : la mobilisation agricole qui secoue actuellement le pays et jusqu’à la Charente-Maritime, où plusieurs manifestations et blocages ont été menés ces derniers jours contre le Mercosur et la dermatose nodulaire, entre autres.
Face à cette colère, le conseil départemental a préféré botter en touche au nom d’une « extrême prudence », estime Marc Maigné, le conseiller départemental d’opposition à l’origine de ce texte. Le report de ce vote est « une petite déception », embraie Marc Maigné : « Le département ne voulait pas jeter de l’huile sur le feu dans ce contexte de crise agricole. Je comprends cette crainte, cette frilosité même si cette crise et la santé environnementale sont liées ».
Le conseil départemental explique de son côté avoir obtenu l’aval de tous les groupes politiques afin de présenter ultérieurement cette motion. L’occasion pourrait se présenter rapidement, peut-être dès janvier.
Une motion commune ménageant la chèvre et le chou
Cette motion s’inscrit dans un contexte délicat en Charente-Maritime. Le Registre général des cancers Poitou-Charentes (rattaché au CHU de Poitiers) révélait au printemps une sur-incidence de cancers pédiatriques dans la plaine d’Aunis, près de La Rochelle, et à l’ouest de Saintes. Le texte retenu appelle à « appliquer le principe de précaution sanitaire à l’utilisation de produits chimiques de synthèse utilisés, entre autres, par les particuliers, l’agriculture, le BTP ». Autre demande : « Engager résolument la transition agricole de notre pays vers un modèle plus vertueux et durable (…) en organisant, par exemple, une convention citoyenne nationale sur le modèle des conventions citoyennes déjà conduites ».
Réclamée par ailleurs par l’association Avenir Santé Environnement, l’idée de cette convention citoyenne a particulièrement divisé majorité et opposition départementales. Au point d’avoir retardé le vote de la motion initiale portée dès le mois d’octobre par le conseiller départemental d’opposition Marc Maigné, par ailleurs maire et médecin de métier. « Nous étions d’accord sur l’essentiel. Mais ça bloquait sur cette convention citoyenne et la transition agricole. Refuser cela, c’est un déni de réalité. Laisser tomber progressivement les produits chimiques – dont les agriculteurs sont les premières victimes – va dans le sens de l’histoire », estime cet élu.
Pour contourner ce premier texte, la majorité départementale, qui soutient traditionnellement l’agriculture dite « conventionnelle », avait dégainé une motion concurrente. Consciente du mauvais effet produit par cette mésentente, la présidente Sylvie Marcilly avait réclamé un délai pour parvenir à une motion commune ménageant la chèvre et le chou. « En changeant quelques mots et virgules, nous y sommes arrivés », se félicitait voilà quelques jours Marc Maigné en espérant décrocher « une victoire importante pour la santé environnementale ».




