Rugby : «J’ai l’impression que je ne suis jamais parti», le retour gagnant de Cameron Woki à Bordeaux-Bègles

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De retour en Gironde après une parenthèse peu enchantée au Racing 92, le deuxième ou troisième ligne international a retrouvé son meilleur niveau à l’UBB.

Douze matches sur douze possibles, deux essais, une activité débordante. Cameron Woki n’a pas connu de retard à l’allumage pour son retour à l’Union Bordeaux-Bègles, participant à tous les matches de cette saison (une seule fois remplaçant contre Lyon), après deux saisons chaotiques au Racing 92. «J’ai l’impression que je ne suis jamais parti», confiait l’international tricolore en début de saison. Après deux saisons dans le dur au Racing 92, le polyvalent deuxième ou troisième ligne était attendu pour son retour à l’UBB, le club qui lui avait mis le pied à l’étrier après avoir été formé à Bobigny et Massy, avec le départ de Guido Petti (Harlequins). «J’ai toujours su que mon histoire avec Bordeaux n’était pas terminée. Parce que je n’ai jamais demandé à partir, cela n’a jamais été mon choix. J’ai toujours exprimé mon envie de revenir à Bordeaux, dès ma première saison au Racing», a-t-il rappelé, voyant dans ce retour à l’UBB «une chance et un vœu exaucé».

Chez les Ciel et Blanc, Cameron Woki - connu pour ses aptitudes balle en main - avait perdu de son activité débordante, souvent cantonné dans les tâches obscures et le travail ingrat. «J’arrive à m’adapter. Mais c’est vrai que je suis moins en vue balle en main en deuxième ligne. Tant que mon travail est bien fait en deuxième ligne et que ça aide l’équipe, je n’ai pas besoin de montrer que je sais exploiter le ballon. Je pense que tout le monde le sait. Si je touche zéro ballon et que je fais 40 rucks, ça me va»avait-il expliqué la saison dernière face aux nombreuses interrogations sur son niveau de jeu.

C’est un joueur de couloir, de vitesse, qui a besoin d’exprimer sa vitesse et sa qualité dans les duels

Yannick Bru

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Hasard du calendrier, le Racing 92 a croisé la route de l’UBB dès la deuxième journée, en septembre denier. Mais les Bordelais, privés de nombreux cadres, avaient subi une sévère déroute 44-32 à Paris La Défense. Woki, avant le match, y avait vu l’occasion de «faire le deuil rapidement» de son ancienne histoire : «Il faut que je tourne la page du Racing. J’y ai de très bons amis, c’est comme ma famille. Mais si j’ai envie de gagner un titre avec mon club de cœur, Bordeaux, bien sûr qu’il faut tourner la page, parce que je n’ai pas réussi à le faire en étant au Racing.»

Sous les ordres de l’Anglais Stuart Lancaster, Cameron Woki était essentiellement utilisé en deuxième ligne. Dans la cage. Cette saison, retour à son poste de prédilection, celui de flanker où il peut - en plus de son rôle primordial en touche - exploiter pleinement ses qualités de vitesse dans le jeu ou en soutien. Un choix que le manager bordelais Yannick Bru avait assumé très tôt, comme il l’avait expliqué sur la chaîne TV7 dans des propos rapportés par le site Rugby Scapulaire  : «Je ne dis pas qu’on ne sera pas amené à un moment à le faire dépanner en deuxième ligne, mais en ce qui me concerne, je pense que c’est un troisième-ligne aile. C’est un joueur de couloir, de vitesse, qui a besoin d’exprimer sa vitesse et sa qualité dans les duels et je pense que tout ça s’exprime mieux quand il joue troisième-ligne aile, ou numéro 8.»

Mini-imbroglio lors du Tournoi 2024

Et le joueur de l’UBB a aussi pu reprendre le fil de sa carrière en dents de scie avec le XV de France. Titulaire lors du Grand Chelem réalisé dans le Tournoi des six nations 2022, Woki a ensuite rétrogradé dans la hiérarchie, victime à la fois de la concurrence en deuxième ligne (Flament, Meafou, Taofifenua...) qu’en troisième ligne (Cros, Jelonch, Boudehent, Roumat...). Lors du Tournoi 2024, l’ancien Racingman avait été au cœur d’un mini-imbroglio avec Fabien Galthié, refusant d’endosser le rôle de 24e homme face au pays de Galles et quittant Marcoussis.

On ne peut plus aller sur un terrain comme ça, en détente, sans s’échauffer et ne faire jouer que le talent. Ça n’existe plus

Cameron Woki

Le staff tricolore avait évoqué le «besoin de se reposer» du joueur. Et Fabien Galthié de revenir sur son cas : «Comme beaucoup, Cameron a passé le cap des 30 matchs (33 à l’époque depuis le 1er janvier 2023, NDLR) et il a besoin de se régénérer. Entre un joueur que l’on sent usé et fatigué, et un autre qui est en pleine ascension et confiance, on préfère prendre le joueur frais. Et ce joueur frais, c’était Esteban (Abadie) L’affaire avait fait jaser car Woki, de retour au Racing, avait finalement joué contre... Toulon.

Absent des phases finales du Top 14 avec le club francilien, il avait pu participer à la dernière tournée des Bleus en Nouvelle-Zélande. Histoire de se remontrer au staff de Fabien Galthié : remplaçant à l’occasion des deux premiers tests, il avait marqué un essai en force lors du court revers à Dunedin (31-27). Avant de basculer sur l’UBB, avec une reprise aménagée. «Il a pu souffler après la fin du championnat, avant de préparer la tournée. Ensuite, il a eu trois semaines de repos supplémentaires. Ce n’est pas énorme, mais dans notre sport, les cadences imposent ce genre de gestion», avait détaillé Yannick Bru, qui n’a pas hésité à faire de lui un élément clé. Ce qui n’a pas échappé à Fabien Galthié et ses adjoints qui l’ont convoqué dans le groupe France (sans toutefois honorer de sélections) pour les trois matches de la tournée de novembre.

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Talent programmé du rugby français, le champion du monde U20 en 2018, après avoir remporté le Tournoi des moins de 20 ans la même année, a appris, ces dernières saisons, à mettre les bouchées doubles. À ne pas s’appuyer uniquement sur son talent naturel. Il a appris, dans les moments délicats qu’il a traversés, «qu’on ne peut plus aller sur un terrain comme ça, en détente, sans s’échauffer et ne faire jouer que le talent. Ça n’existe plus. C’est ce que je faisais beaucoup ici mais j’étais jeune, j’avais 18 ans, je n’avais qu’une envie, c’était de jouer. J’ai appris à mieux préparer mes matches et surtout à travailler seul, ce que je ne faisais pas avant.» On en oublierait presque que Cameron Woki n’a que 27 ans. En 2023, il déclarait : «Je ne suis pas passionné par ce sport. C’est mon métier, je l’aime mais pas plus.» Les choses ont peut-être évolué depuis...

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