Algodystrophie du genou : de quoi parle-t-on ?

il y a 3 hour 1

Avec une incidence annuelle estimée entre 5 à 25 pour 100 000 personnes, le syndrome douloureux régional complexe (SDRC) reste une affection rare. Les adultes sont principalement concernés, mais les enfants et les adolescents peuvent eux aussi en souffrir. « Les douleurs localisées au niveau du péroné étaient permanentes et parfois très violentes », raconte Mathilde, 13 ans, qui a souffert d’une algodystrophie de la jambe.

Douleurs à la cheville, au poignet ou au genou : qu'est-ce que l'algodystrophie ?

L’algodystrophie est un trouble du système nerveux autonome et de la régulation de la douleur qui peut toucher toutes les articulations.

Cette maladie se caractérise par une douleur anormalement disproportionnée en intensité ou en durée. « Dans la grande majorité des cas, l’algodystrophie du genou apparaît à la suite d’un traumatisme – chute, entorse, contusion – ou d’une chirurgie (pose d’une prothèse, arthroscopie, opération des ligaments…), détaille la spécialiste. Elle survient souvent dans un contexte de fragilité émotionnelle, notamment chez les plus jeunes, même si cela n’en fait pas une pathologie psychologique. »

Et l’algoneurodystrophie ?

Le terme algoneurodystrophie est un synonyme d’algodystrophie. « Algodystrophie, causalgie, atrophie de Sudeck ou encore syndrome épaule/main sont aujourd’hui regroupés sous la dénomination de syndrome douloureux régional complexe (SDRC) », rappelle la spécialiste.

Quels sont les premiers symptômes de la maladie ?

Les symptômes se manifestent principalement par :

  • des sensations de brûlures et/ou des douleurs intenses très localisées, souvent d’apparition soudaine ;
  • une raideur articulaire ;
  • une hypersensibilité de la peau au moindre effleurement.

« L’algodystrophie se caractérise par des douleurs et une impotence fonctionnelle qui s’accompagnent parfois de signes physiques comme un gonflement, des changements de température (le membre peut être froid ou chaud) voire des changements de coloration de la peau, qui peut être rouge ou blanche (troubles vasomoteurs). En général, le SDRC se concentre sur une articulation, mais il peut se bilatéraliser et atteindre les deux genoux, par exemple. »

Comme toute douleur chronique, les répercussions sont importantes : troubles du sommeil, anxiété, irritabilité, fatigue, isolement ou syndrome dépressif.

Quelles sont les causes ?

Les mécanismes précis restent aujourd’hui encore mal compris. « On sait que l’algodystrophie survient généralement après un traumatisme ou une chirurgie orthopédique. À partir de là, le système nerveux autonome s’emballe et déclenche une réaction excessive : gonflement, rougeurs, pics de douleur, sueurs… », détaille le médecin algologue.

Combien de temps dure une algodystrophie du genou ?

La durée d’une algodystrophie du genou est très variable. « Chez certains, la douleur cesse en quelques jours ; chez d’autres cela va prendre plusieurs mois, indique la spécialiste. Plus la prise en charge est précoce, plus la guérison sera rapide et complète. »

Scintigraphie osseuse, IRM : comment poser le diagnostic ?

Le diagnostic est essentiellement clinique. « Les examens complémentaires – analyses de sang, radiographies, imagerie par résonance magnétique (IRM), scintigraphie osseuse - servent avant tout à exclure une autre cause orthopédique ou inflammatoire », confirme le Dr Agnès Suc.

L’affection s’accompagne souvent d’une errance médicale : symptômes atypiques, examens souvent normaux et absence de lésions visibles pouvant laisser penser, à tort, que c’est psychologique. « Or, un diagnostic et un traitement précoces réduisent nettement la durée du SDRC », insiste le Dr Suc.

Les critères de Budapest

Établis en 2003 par l’International association for the study of pain (IASP), les critères de Budapest constituent la référence pour diagnostiquer le syndrome douloureux régional complexe (SDRC). Ils permettent d’éviter les diagnostics abusifs tout en améliorant la détection précoce.

Traitement : comment soigner l'algodystrophie ?

La prise en charge de l’algodystrophie du genou est globale et multidisciplinaire. « Outre la prescription de médicaments antidouleur (antalgiques) il est crucial de remettre les patients en mouvement. En effet, la tendance à l’immobilité aggrave les symptômes », insiste la spécialiste. La rééducation (kinésithérapie), la balnéothérapie, les patchs anesthésiques ou la neurostimulation transcutanée (TENS) peuvent aider à rompre ce cercle vicieux. En parallèle, les approches non médicamenteuses - hypnose, sophrologie, relaxation, soutien psychothérapeutique - aident à mieux gérer la douleur. Et la spécialiste de conclure : « L’algodystrophie est une maladie bénigne dont on guérit toujours. En revanche, on ne peut jamais prévoir combien de temps cela prendra. C’est toute la difficulté… »

Lire l’article en entier