Interrogée par l’AFP, la mère du journaliste français Christophe Gleizes, emprisonné en Algérie depuis mai 2024, a adressé une demande de grâce au président Abdelmadjid Tebboune.
«C'est un appel d'une maman désespérée»: la mère de Christophe Gleizes fonde de grands espoirs sur la demande de grâce adressée au président Abdelmadjid Tebboune pour obtenir la libération de son fils, journaliste sportif condamné à sept ans de prison en Algérie. Avec la lettre qu'elle a envoyée il y a quelques jours au dirigeant algérien, Sylvie Godard «fait appel à un geste d'humanité, de magnanimité et de générosité», explique-t-elle dans un entretien accordé lundi à l'AFP, en marge d'une visite au Sénat en compagnie de son conjoint Francis Godard.
«Je pense qu'il (le président Tebboune, NDLR) a une famille, qu'il sait la détresse des mères ou des grands-mères et qu'il pourra être réceptif à ce genre de message», ajoute-t-elle. «Ce serait la fin de notre calvaire, de notre cauchemar qui dure depuis 18 mois», poursuit-elle, la voix étranglée par l'émotion.
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Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes, 36 ans, a été arrêté le 28 mai 2024 en Algérie, où il s'était rendu pour un reportage sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 kilomètres à l'est d'Alger.
Le 3 décembre 2025, la cour d'appel de Tizi Ouzou a confirmé sa condamnation à sept ans de prison pour «apologie du terrorisme». La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie. Le journaliste a formé un pourvoi en cassation contre cette condamnation, ont fait savoir ses avocats dimanche.
Moral d’acier
Depuis ce jugement, ses proches ont pu avoir des nouvelles via ses avocats français et algérien, ainsi que par le cardinal Jean-Paul Vesco, archevêque d'Alger, qui lui rendent visite en prison. «Tous les trois confirment qu'il tient debout, qu'il est très combatif et qu'il a gardé un moral d'acier et ça, ça nous rassure énormément».
En France, la mobilisation continue. Lundi, ses parents ont été reçus au Sénat, notamment par son président Gérard Larcher. Sur les marches de l'institution, 80 sénateurs et sénatrices ont posé à leurs côtés pour une photo de soutien. Ses avocats tiennent Christophe Gleizes informé de la mobilisation. Cela «lui redonne un moral très, très fort», assurent ses proches. «On sait que Christophe tient le coup, qu'il croit à notre mobilisation», «il faut que nous, ici, en liberté, on soit digne de lui», poursuit sa mère.
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Le jeune homme partage sa cellule avec un codétenu malien. «Ils ont créé des liens d'amitié. Il lui apprend à lire et à écrire le français, poursuit-elle. Pour moi c'était très rassurant, très réconfortant, de savoir qu'après le procès, il rentrait dans sa cellule, mais avec quelqu'un qui l'attendait et qui est bienveillant».
Ses proches lui font parvenir des livres. Il y a aussi une bibliothèque à la prison, où ce «grand amateur de la littérature du 19e siècle» en profite pour «lire ou relire» des classiques: «Le Maître et Marguerite» de Boulgakov, «Le Rouge et le Noir de Stendhal» ou encore «Madame Bovary»...
Il serait bien que (le) monde (du football) bouge d’une manière un peu plus vigoureuse.
Sylvie GodardAujourd'hui, les proches du journaliste, soutenus par l'association Reporters sans frontières (RSF), disent beaucoup compter sur la mobilisation du «monde du football». La mère et le beau-père de Christophe Gleizes saluent l'initiative de huit clubs de Ligue 1 qui ont déjà affiché leur soutien, et de la Fédération française de football (FFF) qui doit déployer mercredi le portrait du journaliste sur la façade de son siège à Paris. Mais «il serait bien que ce monde-là bouge d'une manière un peu plus vigoureuse», ajoutent-ils, en appelant notamment les «gloires» de ce sport à faire «un peu preuve de courage». «Juste pour dire, il ne faut pas que Christophe soit emprisonné, il n'a fait que son métier».
Pour ses proches, le cas de Christophe Gleizes et celui de Boualem Sansal, gracié et libéré en novembre par Alger, sont «totalement différents». «Il y a d'un côté un écrivain qui a pris des positions politiques. Christophe, lui, n'a jamais, nulle part, dans aucun de ses écrits, aucune de ses déclarations, dit quoi que ce soit qui mette en cause le pouvoir algérien. C'est un journaliste sportif».

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