Couverture lestée : efficace pour mieux dormir… ou surcotées ?

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Enfant dormant paisiblement sous une couverture jaune dans un lit avec oreiller bleu. © Istock / Getty image plus / ©Catherine McQueen

On la voit partout sur les réseaux et dans les publicités. Portée par son côté cosy et réconfortant, la couverture lestée est à la mode. Objet tendance ou véritable allié du sommeil ? On fait le tri entre mythe et réalité.

L'essentiel

Résumé par l’IA, validé par la Rédaction.

On les voit partout sur les réseaux et dans les publicités. Portées par leur côté cosy et réconfortant, les couvertures lestées sont devenues tendance, souvent présentées comme une solution thérapeutique « naturelle » pour améliorer le sommeil, favoriser la détente et même soulager les douleurs chroniques. Mais derrière ces promesses séduisantes, qu’en est-il vraiment ?

Qu’est-ce qu’une couverture lestée ? À quoi ça sert ? Où en trouve-t-on ?

Une couverture lestée (ou “couverture pondérée”, “couette lourde”, “plaid lesté”, “Gravity Blanket®”…), c’est tout simplement une couverture plus lourde que les couvertures traditionnelles, car elle est remplie de sable, de microbilles de verre, de granulés ou d’autres matériaux denses.

Les fabricants recommandent en général de choisir un modèle qui pèse environ 10 % du poids du corps : par exemple 5 – 6 kg pour une personne de 55 – 60 kg, 8 – 9 kg pour une personne de 80 – 90 kg.

Où acheter ces couettes lestées ?

Aujourd’hui, les couvertures lestées sont partout :

  • grandes surfaces et magasins de literie ;
  • enseignes de déco ou de bazar type Action®, Gifi®, etc. ;
  • sites d’e-commerce (Amazon® et consorts) ;
  • parfois en magasins spécialisés “bien-être” ou “sommeil”.

Les prix sont généralement compris dans une large fourchette de 40 à 300 € selon la taille, le poids, la matière (coton, bambou, housse amovible ou non…).

Quels bienfaits sont mis en avant dans les publicités ?

Les promesses marketing sont souvent très ambitieuses. Le discours type est le suivant :

  • la couverture exerce une “pression profonde” sur le corps ;
  • les récepteurs de la peau envoient un signal de sécurité au cerveau, un peu l’effet d’une étreinte ;
  • cela augmenterait la sécrétion d’hormones du bien-être et du sommeil (sérotonine, ocytocine, mélatonine…) ;
  • dans le même temps, cela ferait baisser le cortisol, l’hormone du stress ;
  • au final, on serait plus détendu, plus en forme physiquement et on dormirait mieux.

Ces arguments tiennent la route, mais ils viennent principalement… des fabricants eux-mêmes. Les études disponibles montrent une réalité plus nuancée.

Que disent les études sur le sommeil ?

La grande revue systématique de 2020 (source 1) est claire : les travaux disponibles sont peu nombreux, menés sur de petits effectifs et de qualité méthodologique hétérogène. À ce jour, il n’existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour conclure à une efficacité des couvertures lestées contre l’insomnie et les troubles du sommeil ainsi qu’à une amélioration de la qualité du sommeil dans la population générale.

Quelques études publiées ensuite apportent des éléments intéressants, mais ne bouleversent pas ces conclusions :

  • Certaines suggèrent, par exemple, une augmentation de la mélatonine d’environ 30 % après une heure d’utilisation en soirée chez de jeunes adultes en bonne santé (source 2). C’est un signal biologique intrigant, mais cette étude ne montre pas d’amélioration du sommeil ni d’effet durable dans le temps.
  • D’autres travaux menés chez des personnes souffrant de troubles psychiatriques (dépression, bipolarité, anxiété généralisée, TDAH) observent une réduction de l’insomnie et une meilleure activité diurne (source 3). Mais ces résultats restent cantonnés à une population très spécifique, suivie en milieu médical : ils ne peuvent pas être généralisés à l’ensemble de la population.
  • Chez les enfants autistes, une étude rigoureuse (source 4) n’a trouvé aucune amélioration objective du sommeil, même si les enfants préféraient la couverture lourde. Cette conclusion rejoint la recommandation officielle de l’American Academy of Neurology, qui ne conseille pas l’usage systématique des couvertures lestées pour les troubles du sommeil dans l’autisme (source 5).

En résumé : quelques effets subjectifs possibles, parfois un ressenti de confort, mais pas de preuve solide d’un effet réel sur la qualité du sommeil.

Est-ce que ça marche sur l’anxiété ?

Les études montrent surtout un effet contextuel, dans des situations de soins bien précises. Porter une couverture lestée a été associé à :

  • une diminution de l’anxiété pendant une chimiothérapie (source 6),
  • une réduction des scores d’anxiété en hospitalisation psychiatrique après 20 minutes d’utilisation (source 7),
  • un effet possiblement apaisant aux urgences psychiatriques, même si l’étude était trop petite pour conclure de façon ferme (source 8).
  • une réduction du recours à la contention lors de soins sous sédation en dentisterie pédiatrique (source 9).

La revue systématique de 2020 (source 1) rappelle toutefois que ces travaux sont peu nombreux, souvent menés dans des environnements médicaux très encadrés, et que rien ne prouve un effet notable dans la vie quotidienne chez des personnes simplement stressées ou anxieuses.

En dehors de ces contextes, la couverture lestée relève davantage du confort sensoriel que d’un traitement de l’anxiété.

Est-ce que ça marche sur les douleurs chroniques ?

Ici aussi les travaux sont peu nombreux et mitigés. Une étude menée chez 94 adultes souffrant de douleurs chroniques, a comparé une couverture lourde (~6 kg) à une couverture plus légère (~2 kg) pendant un court essai puis une semaine d’utilisation nocturne (source 10).

Résultat, la couverture lestée ne fait pas disparaître la douleur, mais peut aider certains patients à mieux la supporter… sur le court terme. On ne sait pas si cet effet persiste au-delà de quelques jours/semaines.

Comment utiliser ces plaids lestés ?

Voici quelques règles de prudence pour utiliser une couverture lestée sans danger et de façon optimale.

5, 9, 7 kg… : Quel poids choisir ?

Respecter les conseils des fabricants :

  • Viser environ 10 % du poids du corps. Par exemple, si vous pensez 60 kg, ne pas utiliser une couverture de plus de 6 kg.
  • Privilégier les modèles les plus légers possibles chez les personnes en insuffisance pondérale.

Veiller à la température de la chambre

« Pour bien dormir, on a besoin d’une petite hypothermie corporelle », rappelle le Dr David Richard.

Mieux vaut donc maintenir une pièce à 18 – 19 °C si on ajoute une couverture lestée.

Écouter ses sensations

Si la couverture provoque un sentiment d’oppression, gêne la respiration, accentue des douleurs ou perturbe le sommeil, il vaut mieux arrêter. Et surtout, ne jamais l’imposer à un enfant qui montre un inconfort.

Enfin, rappelons que pour améliorer son sommeil, les fondamentaux restent les plus efficaces : horaires réguliers, réduction des écrans en soirée, activité physique et gestion du stress. Pour le docteur David Richard : « L’hygiène du sommeil vaut toujours plus que n’importe quel produit de ce type ».

Globalement, est-ce sans danger ?

Les études disponibles rapportent peu d’effets indésirables chez l’adulte et le grand enfant, même dans des populations fragiles (personnes âgées, patients psychiatriques, enfants autistes). L’expert résume la situation :

Existe-t-il des contre-indications ?

Les contre-indications formelles sont encore peu étudiées, mais par principe de prudence, les spécialistes recommandent d’être attentif à certains profils.

Chez l’adulte fragile : prudence

Il n’existe pas de contre-indication stricte, mais certaines personnes doivent rester vigilantes :

  • problèmes respiratoires
  • fragilités articulaires
  • douleurs chroniques
  • d’insuffisance pondérale importante
  • d’apnée du sommeil doivent rester vigilantes.

Une couverture trop lourde peut gêner les mouvements, augmenter la chaleur corporelle ou rendre la respiration plus difficile.

Dans ces situations, mieux vaut choisir un modèle plus léger, tester progressivement ou demander un avis médical en cas de doute.

Bébés et très jeunes enfants : à proscrire

Les recommandations de prévention de la mort inattendue du nourrisson insistent sur une literie légère, sans oreiller, sans couverture épaisse ou lourde.

Une seule étude a été réalisée en néonatalogie chez des nourrissons atteints d’un syndrome de sevrage (source 11). Sous surveillance médicale continue, aucun incident majeur n’a été observé, mais ce contexte n’a rien à voir avec l’usage à domicile.

Conclusion : pas de couverture lestée pour les bébés et les enfants en bas âge, a fortiori s’ils ne peuvent pas se dégager seuls.

Enfants plus grands avec troubles moteurs ou respiratoires : avis médical conseillé

Les couvertures lestées sont globalement bien tolérées chez l’enfant sans problème particulier, comme l’ont montré plusieurs études menées notamment dans l’autisme. En revanche, la prudence est de mise si l’enfant présente :

  • une pathologie neurologique ou neuromusculaire limitant la mobilité ;
  • des troubles respiratoires ou cardiaques sévères ;
  • une scoliose douloureuse ou d’autres déformations vertébrales.

Dans ces cas, un avis médical est recommandé avant d’utiliser une couverture lestée.

Sources

Entretien avec le docteur David Richard, médecin du sommeil

source 1 : Eron, Kathryn et al. “Weighted Blanket Use : A Systematic Review.” The American journal of occupational therapy : official publication of the American Occupational Therapy Association vol. 74,2 (2020)

source 2 : Meth, Elisa M S et al. “A weighted blanket increases pre-sleep salivary concentrations of melatonin in young, healthy adults.” Journal of sleep research vol. 32,2 (2023)

source 3 : Ekholm, Bodil et al. “A randomized controlled study of weighted chain blankets for insomnia in psychiatric disorders.” Journal of clinical sleep medicine : JCSM : official publication of the American Academy of Sleep Medicine vol. 16,9 (2020)

source 4 : Gringras, Paul et al. “Weighted blankets and sleep in autistic children--a randomized controlled trial.” Pediatrics vol. 134,2 (2014) : 298-306. doi : 10.1542/peds.2013-4285

source 5 : Williams Buckley, Ashura et al. “Practice guideline : Treatment for insomnia and disrupted sleep behavior in children and adolescents with autism spectrum disorder : Report of the Guideline Development, Dissemination, and Implementation Subcommittee of the American Academy of Neurology.” Neurology vol. 94,9 (2020)

source 6 : Vinson, Jaime et al. “Weighted Blankets : Anxiety Reduction in Adult Patients Receiving Chemotherapy.” Clinical journal of oncology nursing vol. 24,4 (2020)

source 7 : Becklund, Annette L et al. “Using weighted blankets in an inpatient mental health hospital to decrease anxiety.” Journal of integrative medicine vol. 19,2 (2021) : 129-134. doi : 10.1016/j.joim.2020.11.004

source 8 : Dickson, Debra A et al. “Effectiveness of the Weighted Blanket With Psychiatric Patients in the Emergency Department : A Pilot Study.” Journal of the American Psychiatric Nurses Association vol. 29,4 (2023)

source 9 : McBeain, Mackensie et al. “Weighted Blanket Use as an Alternative to Protective Stabilization During Moderate Sedation.” Pediatric dentistry vol. 44,5 (2022) : 340-344.

source 10 : Baumgartner, Jennifer N et al. “Widespread Pressure Delivered by a Weighted Blanket Reduces Chronic Pain : A Randomized Controlled Trial.” The journal of pain vol. 23,1 (2022) : 156-174. doi : 10.1016/j.jpain.2021.07.009

source 11 : Summe, Virginia et al. “Safety, Feasibility, and Effectiveness of Weighted Blankets in the Care of Infants With Neonatal Abstinence Syndrome : A Crossover Randomized Controlled Trial.” Advances in neonatal care : official journal of the National Association of Neonatal Nurses vol. 20,5 (2020)

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