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Partie en Syrie en 2014 à l’âge de 18 ans, elle est revenue en France en 2022 après avoir côtoyé des hauts cadres de Daesh réputés sanguinaires. Il reste une soixante de femmes parties en zone irako-syrienne à juger.

Au terme de trois jours de procès, Carole Sun a été reconnue coupable, jeudi 18 décembre, d’association de malfaiteurs terroriste et a été condamnée à dix ans de réclusion. Elle était la deuxième Française rapatriée des camps du nord-est syrien à être jugée devant la cour d’assises spéciale à Paris. Sa peine est assortie d’une obligation de suivi socio-judiciaire de cinq ans ainsi qu’une injonction de soins.

Partie pour la Syrie à l’âge de 18 ans en juillet 2014 avec son frère d’un an son aîné, elle avait été arrêtée en décembre 2017 par les forces kurdes alors qu’elle descendait le long de l’Euphrate au moment de la débâcle du groupe Etat islamique (EI). Des figures féminines du djihad figuraient aussi dans le convoi, dont Emilie König. La DGSI y verra une tentative de l’Etat islamique (EI) de « relocaliser » des membres dans des « poches » de son territoire, dont Idlib.

Carole Sun, aujourd’hui âgée de 30 ans, est revenue en France le 5 juillet 2022 lors du premier rapatriement massif d’enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du « califat ». Elle s’était radicalisée sur les réseaux sociaux et présente son départ comme un « colmatage » de failles provoquées par des évènements traumatiques, dont un viol collectif lorsqu’elle avait 14 ans.

Sur zone, résume le président, l’accusée, issue d’une famille de tradition chrétienne installée en région parisienne, côtoie ou habite avec « des personnes extrêmement médiatisées », « connues pour leurs exactions cruelles » ou combattant dans des unités qui compteront dans leurs rangs des assaillants des attentats du 13-Novembre 2015.

Parmi ces figures, Salaheddine Guitone, un Français propagandiste notoire. Elle l’a rencontré sur Facebook deux mois auparavant, le trouve « beau » et « doux ». Dès son arrivée, leur mariage est scellé. Il durera une dizaine de jours, car il meurt au combat. Autre personnage, son frère Charly Sun – aujourd’hui incarcéré en Irak et qui fut membre d’une unité de police islamique dirigée par le geôlier d’otages Salim Benghalem – volontiers vantard sur ses activités comme sur un cliché le montrant une tête décapitée dans la main.

« Je fermais les yeux sur les exactions »

En secondes noces, Carole Sun épouse un membre de l’Amniyat – le service de renseignements de l’EI – un homme qui, comme elle l’écrit à sa mère, « bute les traîtres ». Il se trouve aujourd’hui incarcéré en Irak.

Quand le président interroge l’accusée sur un cliché montrant son bébé un pistolet semi-automatique sur les genoux, elle « ne [se] l’explique pas » : « C’est juste que j’étais dedans [l’idéologie], ça m’empêchait de voir que c’était grave ».

Quand son frère lui livre des récits de ses activités sanglantes, « je me suis pas offusquée », admet-elle encore. Les violences, « je pensais pas que ça serait aussi dur à voir », dit-elle encore, avant de lâcher après plusieurs heures d’interrogatoire que « la vérité, c’était l’Etat islamique et je fermais les yeux sur les exactions ». Elle reconnaît « avoir intégré les codes de l’EI » et « contribué à sa propagande ».

Elle se défend d’être restée « pro-Daesh »

A l’audience, Carole Sun a aussi raconté les plus de quatre années passées avec ses deux enfants dans les camps syriens de déplacés et djihadistes présumés. Plus que l’extrême chaleur estivale dans le désert, les maladies ou la précarité, « le plus dur », affirme-t-elle, est « la population qui fait peur ».

« C’est comme une jungle, un enfer jonché de rumeurs, de peurs et de femmes extrêmement extrêmes, partisanes de l’excommunication. S’y déroule une guerre de mœurs, même au niveau des enfants. » Elle décrit deux groupes à l’état d’esprit distinct : celles « d’avant Baghouz », « celles d’après », en référence à l’ultime bastion de l’EI tombé en 2019. « On est à l’affût », explique-t-elle. Plusieurs Françaises ont témoigné qu’elle restait une « pro-Daesh », ce dont elle s’est défendue.

Selon l’avocate générale, qui a requis douze ans à son encontre, à « l’enjeu d’ordre public s’ajoute la massification alors qu’il reste tant de femmes à juger », une soixantaine.

A ce jour, sur les femmes parties en zone irako-syrienne – plus du tiers des quelque 1 500 Français –, 160 sont rentrées, selon l’avocate générale, et, depuis 2017, trente ont été jugées par la cour d’assises spécialement composée. D’autres l’ont été en correctionnelle.

Le Monde avec AFP

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