Les cadors de l’intelligence artificielle sont affamés d’énergie. Ils se font la course pour sécuriser des quantités exponentielles d’électrons afin d’alimenter leurs data centers, actuels et futurs. Multiplient les contrats de long terme pour du solaire et de l’éolien. Recourent massivement au charbon et au gaz. Et vont jusqu’à relancer des centrales nucléaires, comme Microsoft avec Three Mile Island (Pennsylvanie) ou Google avec Duane Arnold (Iowa). Que feront-ils de cette électricité si elle devient excédentaire ? La vendre ?

"Les grands acteurs de l’IA pourraient bientôt devenir offreurs sur les marchés de l’énergie", anticipe Benoît Cœuré, le président de l’Autorité de la concurrence. Ils investissent déjà dans leurs propres solutions de stockage pour renforcer leur indépendance, note l’institution française dans une étude. La preuve avec le deal signé en septembre entre Google et Shell pour réinjecter de l’électricité dans le réseau britannique s’il en a besoin. A l’inverse, ces infrastructures leur permettraient aussi de s’effacer du réseau en cas de nécessité… contre rémunération, bien sûr.

Aux Etats-Unis, l’avenir est déjà là. Selon le New York Times, les filiales des Big Tech - Amazon en tête - ont réalisé plus de 2,7 milliards de dollars de ventes sur le marché de gros de l’électricité ces dix dernières années. Leur rôle croissant dans les systèmes électriques "soulève une foule de questions concurrentielles", prévient Benoît Cœuré. Il risque surtout de renforcer leur position ultra-dominante. Après nos données, notre courant ?