INTERVIEW. Lors des 20 ans de L'amour est dans le pré sur M6, Karine Le Marchand a recueilli les confidences de Jean-François, agriculteur de la saison 16, qui a révélé publiquement son homosexualité. L'animatrice revient sur le tournage de cette séquence pour Télé-Loisirs.
Les rires, les larmes et la sincérité. Voilà les ingrédients qui ont fait toute la douceur des deux émissions spéciales célébrant les 20 ans de L'amour est dans le pré sur M6 ces lundis 8 et 15 décembre. Parmi les moments les plus forts, les téléspectateurs retiendront sans nul doute le coming-out de Jean-François, visage marquant de la saison 16 diffusée en 2021. Face à Karine Le Marchand, l'éleveur ovin s'est livré tendrement sur cette grande étape de sa vie qu'est l'acceptation de son homosexualité. Interrogée par Télé-Loisirs, l'animatrice se confie avec émotion sur la démarche de l'agriculteur qui a choisi de révéler publiquement cette information. Elle raconte également le moment critique où, en proie à des idées noires, il l'a contactée, témoignant de la confiance absolue qu'il lui accorde.
"Il n'en pouvait plus de se mentir" : Karine Le Marchand témoigne à propos de l'homosexualité de Jean-François (L'amour est dans le pré 2021)
Télé-Loisirs : Parmi les surprises des 20 ans, il y en a une plus particulière que les autres : Jean-François révèle être en couple avec un homme…
Karine Le Marchand : Jusqu'au bout, il ne savait pas mais il a fait son coming-out. C'était très dur. Lui, c'est vraiment l'exemple d'un homme viril dans un petit village où il tient un rôle vraiment de mâle dominant confronté à sa préférence sexuelle depuis très longtemps et qui s'interdisait de le vivre parce qu'il faut le dire à sa mère, etc. Ça a été plus simple de le dire avec nous à tout le monde une fois pour toutes que petit à petit à des proches. Il fallait sauter dans le vide. C'est vraiment le sentiment qu'on a.
Lors de sa participation, il était à la recherche d'une femme…
Il n'en pouvait plus de se mentir mais il a aimé les femmes. Il a aimé la mère des enfants. Il ne s'est pas menti pendant tout ce temps mais il s'interdisait de dire cette attirance et c'est vrai que c'est un milieu où je crois que c'est compliqué de dévoiler son homosexualité. En tout cas, pour lui, ça l'a été.
Comment avez-vous vécu cette révélation ?
Pendant trois jours, il a réfléchi, tergiversé mais il s'est dit c'est le moment et je pense qu'il était bien accompagné par nous. C'est un très joli moment. C'est très doux, on est sur le ponton. Je pense que ça va être très beau et ça va faire parler parce qu'il parle sans fard.
Karine Le Marchand évoque le coming-out de Jean-François aux 20 ans de L'amour est dans le pré : "Il luttait lui-même contre les clichés de l'homosexualité"
Alors qu'il avait des idées noires un jour, il a pris son téléphone pour vous contacter. Avez-vous été surprise ?
J'ai trouvé ça super touchant qu'il me fasse confiance. Il a eu raison parce que j'ai appelé Anne qui s'occupe des anciens, qui a appelé la psy, la production… En fait, il n'était pas du tout question qu'il le dise à tout le monde, il était question qu'il ne se suicide pas. C'était ça la problématique parce qu'à l'époque, il avait peur de perdre le garçon qu'il avait rencontré qui lui était "outé" et qui lui disait qu'il ne voulait pas vivre dans l'ombre plus longtemps. Il était vraiment déchiré, il ne se sentait pas capable de le dire et il avait peur d'être rejeté par les gens de L'amour est dans le pré. Je lui ai assuré qu'il ne le serait pas du tout. Il était tellement dans cette image de virilité que pour lui, être gay ce n'était pas de la virilité. Il luttait lui-même contre les clichés de l'homosexualité. C'était ça qui était difficile pour lui.
Pourquoi pensez-vous qu'il vous a appelée, vous ?
Il savait que j'étais à l'écoute de ça, je pense que tout le monde sait que l'homosexualité n'est pas une question pour moi. Je pense aussi que c'est pour ça qu'il m'a appelé. On l'a appelé souvent, on l'a accompagné, jusqu'au point où on lui a dit juste avant la séquence que s'il n'en parlait pas là, il garderait son secret parce que tous les éléments étaient là : il était entouré d'une personne qui l'aime, entouré d'amis qui le savent, qui l'aiment et qui l'accompagnent. S'il ne le disait pas, ce n'était pas grave, il n'était pas obligé de le faire mais il n'aurait pas trouvé l'énergie de le dire à tous autrement.
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Né dans un coin rural de la Loire à la fin des années 90, à quelques kilomètres des villages où vivent certains des agriculteurs les plus emblématiques de L'amour est dans le pré sur M6, je me souviens avoir grandi avec le poste de télévision (très) souvent allumé. Combien de samedis soir ai-je passé devant Fort Boyard sur France 2 ? L'occasion pour mes parents de me laisser manger une glace au chocolat sur le canapé… Double dose de bonheur ! Je me rappelle aussi de mon excitation à chaque grand lancement d'une saison de la Star Academy sur TF1, de Nikos qui apparaît sur mon écran et des hymnes successifs qui ont façonné la bande originale de mon enfance. La Musique de Nicoletta, Musique de Michel Berger, La bamba de Ritchie Valens chantée par la promotion de la saison 3. Le tout premier concert de ma vie à la Halle Tony Garnier de Lyon. Au fil des années, je me repasse en boucle chaque prestation de Myriam Abel, Amandine Bourgeois et Yseult dans Nouvelle Star, je « jibule » devant chaque trahison dans Koh-Lanta, je soutiens fougueusement chaque représentant de la France à l'Eurovision (sauf les Twin Twin) et je salive à chaque dégustation de Top Chef. Journaliste dans un quotidien national pour ma toute première expérience professionnelle, j'ai des étoiles dans les yeux lorsque je me rends sur un plateau de tournage ou lorsque j'interviewe un candidat ou un animateur. Lorsque j'arrive à la rédaction de Télé-Loisirs à la rentrée 2022, je suis tout de suite dans le grand bain avec un reportage à Dammarie-les-Lys pour le retour de la Star Academy. Le rêve se poursuit… Et il ne s'est pas arrêté là. J'ai assisté à la passation de pouvoirs entre Sophie Davant et Julia Vignali dans Affaire conclue, j'ai dîné à la table de la finale de Top Chef, je me suis rendu à l'Élysée, j'ai partagé un repas avec Frédéric Lopez dans sa maison à la campagne (mais pas un dimanche). Le reportage le plus cher à mon cœur est et restera le voyage de préparation des 30 candidates à Miss France 2024 à l'autre bout du monde, en Guyane, et l'élection d'Ève Gilles à Dijon un mois plus tard. Le souvenir de la clameur du public dans ce zénith me donne encore la chair de poule. Maintenant que je ne suis plus un enfant, je passe mes dimanches soir devant Zone Interdite et Capital, je dîne devant C à vous et Quotidien et il m'arrive de rattraper Quelle Époque en replay parce que vraiment, ce programme se finit trop tard dans la nuit. Mais depuis mes premiers souvenirs de télé, une chose n'a pas changé : je suis toujours aussi émerveillé par chaque programme, comme l'était le petit garçon que j'étais.
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