Lady Nazca, Louise, À la poursuite du père Noël !... Les films à voir et à éviter cette semaine

il y a 2 day 3

Un film d’aventure qui fleure les divertissements des années 70, un mélo joliment incarné, une comédie de Noël avec Patrick Timsit... La sélection du Figaro.

Lady Nazca - À voir absolument

Aventure de Damien Dorsaz - 1 h 39

Ce premier film possède un souffle épique, authentique et inspiré. Il embarque les spectateurs au Pérou dans les années 1930 dans le sillage de Maria Reiche, mathématicienne allemande que rien ne prédestinait à se passionner pour des énigmatiques lignes de Nazca dans le Sud-Ouest péruvien. Certains lient ces hiéroglyphes à une fonction rituelle et religieuse, d’autres y voient des appels aux dieux pour obtenir de l’eau. D’autres hypothèses encore évoquent un calendrier astronomique voire cosmologique. Tourné avec seulement 1,9 million d’euros, Lady Nazca offre un spectacle digne des grands divertissements des années 1970. O. D.

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Elle entend pas la moto - À voir

Documentaire de Dominique Fischbach - 1 h 34

Pilier de l’émission « Strip-Tease », cette documentariste a suivi trois décennies durant Manon et sa famille. Manon est née sourde, comme son petit frère Maxime. 2003, 2010, 2022… Les années passent, Manon grandit. Se découvre des passions (la gymnastique), poursuit les traitements (orthophonie, pose d’implant). La caméra de Dominique Fischbach enregistre la voix de Manon qui s’affirme, qu’elle laisse se déployer sans sous-titres. Sa caméra capte la facétie, la résilience de la jeune fille, ses moments de fatigue et d’agacement aussi. Handicap, inclusion, sacrifice… Le soutien de ses parents et de sa grande sœur entendante Barbara est de tous les plans. Mais ce documentaire est bien plus que ça. Il chronique la transmission, les absents, ceux qui sont partis trop vite. Dominique Fischbach instaure un dialogue entre le présent et le passé. Les images se font écho de manière troublante. Le fils de Manon ressemble énormément à son oncle disparu. Voilà une bouleversante réflexion contemplative sur la famille, ses non-dits, les souvenirs et les traumas qui unissent un clan. C. J.

Animal totem - À voir

Comédie de Benoît Delépine - 1 h 29

Où va-t-il ? D’où vient-il ? Le long d’une départementale, Darius tire une valise à roulettes, à laquelle le retient une paire de menottes. Première nouvelle, Benoît Delépine n’est pas moins loufoque sans son acolyte Gustave Kervern. Pas moins blagueur non plus, même si Animal totem ne fait qu’emprunter à la farce et dessine plutôt un conte écolo minimaliste. À travers les errances du personnage, on observe un monsieur Hulot tendance écolo (pas Nicolas, l’autre) qui multiplie les rencontres farfelues. Le sens général de la quête ne fait pas de doute. Cet homme providentiel va nous sauver de notre monde capitaliste polluant. Par de drôles de manières. Delépine ne se départ pas de son second degré au cours de cette fable à la fois déroutante et revigorante. Les séquences finales nous laissent, hélas, sur le bord de la route. B. P.

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À la poursuite du père Noël - À voir (avec les enfants)

Comédie de James Huth - 1 h 37

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Pour Noël, ne commandez pas de gâteaux chez De Gelas. Les propriétaires de cette biscuiterie n’ont vraiment pas de cœur. La patronne (Isabelle Nanty) ressemblerait même à une Cruella. Son petit-fils harcèle Zoé à l’école. Le salut viendra-t-il de ce père Noël dont on dit tant de bien ? Cette gamine volontaire y croit. Elle va de ce pas aller à le trouver dans le parc d’attractions qui lui est dédié, près de chez elle. Là commence la méprise, là s’accélère cette gentille comédie familiale signée James Huth, qui a déjà fait preuve d’un humour plus féroce ou marqué (Brice de NiceLe Nouveau Jouet ). Avec fantaisie, en payant son tribut à Tim Burton, il trousse toutefois un agréable conte moderne pour enfants. B. P.

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Louise - On peut voir

Drame de Nicolas Keitel – 1 h 48

Pour son premier long-métrage, le cinéaste de 37 ans ne choisit pas la facilité en optant pour un mélodrame à l’ancienne, qui tient par la justesse et la délicatesse de son trio de comédiennes. Témoin de violences conjugales entre sa mère (Cécile de France) et son nouveau compagnon, la petite Marion fugue et, avec l’aide de son père, adopte une nouvelle identité, devenant Louise. Les années passent et Louise (Diane Rouxel) devient photographe, recroisant le chemin de sa sœur cadette Jeanne (Salomé Dewaels). La jeune musicienne ne la reconnaît pas mais se noue d’amitié avec Louise, qui se voit soudainement rouvrir les portes de son passé. Doit-elle pardonner à sa génitrice ? Doit-elle se démasquer ? Nicolas Keitel interroge l’enfance et le regard des gamins sur les réalités adultes, montre comment un traumatisme endure, transforme et façonne. Un beau et authentique récit de quête de soi et d’identité qui accueille les émotions à bras ouverts. C. J.

La petite cuisine de Mehdi - On peut voir

Drame d’Amine Adjina - 1 h 44

Il y avait là de bons ingrédients. Un acteur convaincant (le gouailleur Younès Boucif), un sujet dans l’actualité (le choc des cultures), un cadre alléchant (un néobouchon lyonnais). Mehdi tient les fourneaux de cet établissement où sa famille ne vient jamais. Trop compliqué. Sa mère ne comprendrait pas la vie qui est la sienne, sa copine et son goût pour les plats en sauce. Afin de ne pas la décevoir, il s’enferre bientôt dans le mensonge. Ce qui aurait pu être une subtile comédie devient alors un mélodrame qui manque de vraisemblance. Mais Amine Adjina, auteur et metteur en scène qui signe son premier film, frappe juste par surprise. Un parfum de sincérité s’élève lorsque la mère de Mehdi observe depuis l’autre côté de la rue le restaurant de son fils. On dirait que la Méditerranée les sépare. B. P.

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Love Me Tender - À éviter

Drame d’Anna Cazenave Cambet - 2 h 13

Dans le livre Love me tender  (2020), Constance Debré racontait comment son ex-mari lui avait retiré la garde de son fils après lui avoir révélé qu’elle vivait désormais des histoires d’amour avec des femmes. À en croire les extraits retenus dans la voix off, on dirait du Christine Angot sans nerfs. Anna Cazenave Cambet (De l’or pour les chiens) transpose à l’écran le « combat » de Clémence. Elle participe à des séances de médiation avec son fils. Elle chope surtout des filles en boîte ou à la piscine (elle nage beaucoup), se rase la tête, passe d’un conformisme (avocate bourgeoise hétéro) à un autre (écrivain bohème homo en débardeur). Vicky Krieps est de tous les plans et ils sont nombreux. Le film est long, complaisant, doloriste et à l’arrivée assez lénifiant pour parler de désamour filial. Antoine Reinartz, dans le rôle du mari rancunier, est encore plus salaud que dans Anatomie d’une chute . É. S.

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La Condition - À éviter

Drame de Jérôme Bonnell - 1 h 43

Troussage de bonne, on disait ça comme ça. Il y avait une expression plus fleurie : amours ancillaires. Bref, le notaire couche avec la domestique, qui tombe enceinte. Ah, ces bourgeois ! En 1908, ils ne valaient guère mieux que ceux d’aujourd’hui. Dans cette noble demeure, Swann Arlaud trompe sa femme avec la servante qui rougit, prend des airs penchés. À l’étage, la mère reste alitée. Elle est muette, à la suite de deux attaques, et écrit ses desiderata sur une ardoise. La belle-fille n’en peut plus. Pour se distraire, elle joue de la flûte. Le secret est de Polichinelle. N’empêche, au cours d’un déjeuner, le maître de maison renverse son verre de vin rouge. L’hypocrisie de ces gens-là n’a pas de bornes. Jérôme Bonnell, corseté dans son sujet comme Louise Chevillotte dans ses costumes d’époque, verse dans l’académisme. On notera les références picturales, les éclairages à la bougie, sans être obligé de convoquer Barry Lyndon . Le temps est tellement long qu’on a le loisir de découvrir qu’Emmanuelle Devos est gauchère. Détail essentiel. É. N.

Résurrection - À éviter

Drame de Bi Gan - 2 h 40

Chouchou des snobs et des festivals internationaux, le Chinois Bi Gan revisite l’histoire du XXe siècle et celle du cinéma en 2 h 40. C’est un peu court - on plaisante. On ne se risquera pas à résumer l’intrigue d’un voyage dans le temps qui se veut rêverie et réflexion sur un art ramené à un patchwork de pastiches. Dans ce grand fourre-tout numérique, on reconnaît les hommages à Murnau (Nosferatu le vampire ), les frères Lumière (le gag de L’arroseur arrosé), Orson Welles (la scène des miroirs dans La Dame de Shangaï) et bien d’autres. Résurrection tient du tombeau laid et vain. Un bel enfumage que ne pouvait pas rater le jury de Cannes présidé par Juliette Binoche, qui lui a décerné le Prix spécial du jury. É. S.

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