Economie. La réaction du gouvernement après la liquidation du fabricant d’électroménager révèle l’impasse d’une politique industrielle qui s’acharne à sauver des entreprises déjà condamnées.
Publié le 12/12/2025 à 16:09

Des palettes brûlent devant l'usine Brandt où sont rassemblés des employés, le 11 décembre 2025 à Vendôme, dans le Loir-et-Cher.
afp.com/JEAN-FRANCOIS MONIER
La nouvelle est évidemment un crève-cœur et un énième coup porté à la promesse de réindustrialisation française. Le tribunal des affaires économiques de Nanterre a prononcé, jeudi 11 décembre, la liquidation judiciaire du groupe tricolore d’électroménager Brandt, l’un des derniers du genre encore présents sur le territoire.
Cette décision confirme la tendance observée au cours des derniers mois, alors que le cabinet spécialisé Trendeo a recensé, depuis septembre, pas moins de 178 sites industriels qui risquent une fermeture, ont été contraints de licencier une partie de leurs employés ou ont déjà baissé le rideau pour de bon. Ynsect, Teisseire, Erasteel et maintenant Brandt… Autour de l’industrie française, l’étau se resserre.
Un chiffre d’affaires dérisoire
Pour autant, faut-il s’accrocher coûte que coûte à des entreprises que l’on savait condamnées à disparaître ? Dès le lendemain de l’annonce, le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin, promettait que le gouvernement ne laisserait pas tomber le fabricant centenaire et ses 700 salariés, tout en assurant qu’il était possible "d’imaginer un nouveau projet industriel sur ce site".
Une utopie. Car les chiffres traduisent une réalité implacable. En 2024, Brandt a réalisé plus de 260 millions d’euros de ventes. Une goutte d’eau dans un marché ultra-concurrentiel et dominé par les mastodontes chinois Haier et Midea, le coréen LG ou encore l’américain Whirlpool, dont les revenus se chiffrent en dizaines de milliards de dollars chacun. Fin novembre, Sébastien Martin s’est rendu sur le site du chimiste Vencorex - fermé en mai dernier - avec les mêmes paroles d’espoir. Pour quels résultats ?
Plutôt que de multiplier les pèlerinages politiques dans des usines dont l’avenir s’écrit en pointillé, l’exécutif aurait tout intérêt à revoir sa stratégie en profondeur. Le noeud du problème a un nom : la compétitivité, qui nous fait tant défaut. Depuis deux ans, la réindustrialisation patine, voire régresse. Sous la pression de la Chine et des Etats-Unis, l’Hexagone est acculé. La crise touche également nos voisins en Allemagne, où les industriels souffrent. Sauf que le plan de relance de 500 milliards d’euros dans les infrastructures, annoncé par le chancelier Friedrich Merz, pourrait, lui, changer la donne. Contrainte budgétairement, la France est loin de disposer des mêmes marges de manœuvre pour se donner les chances d’un rebond.

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