Mois sans alcool : qu'est-ce que le Dry January ? quels bienfaits ? comment s'y tenir ?

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Publié par Laura Chatelain et Manon Duran  |  Mis à jour le 12 déc. 2025 par Sylvie Gotlibowicz Experts : Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue ; Dre Cécile Prévost, médecingénéraliste, vice-présidente de la Société française d’alcoologie

Le Dry January incite chaque année plusieurs milliers de personnes à stopper leur consommation d’alcool dans le courant du mois de janvier. Anodin ? Pas tant que ça, les effets bénéfiques pour la santé se manifestent rapidement ! Le point sur l'édition 2026.

Après les fêtes de fin d’année, Dry January (ou le "défi de janvier") sonne la fin de la partie. Lancé en 2013 par l'association britannique Alcohol Change UK, le défi consiste à ne pas boire une goutte d’alcool pendant le mois de janvier.

Dry January 2026 : comment y participer ?

Dry January est aujourd’hui un mouvement international bien installé dans les rendez-vous annuels de santé publique. Pour participer, il suffit de s’inscrire sur le site dryjanuary.fr, ou de télécharger les applications TryDry et MyDefi. Celles-ci permettent notamment aux participants de tenir le compte des verres non bus et de calculer l’argent et les  calories économisées... en janvier et tout au long dé l’année. Vous pouvez aussi vous inscrire sur le compte Instagram dédié.

L’objectif n'est pas de conduire à une abstinence totale ou de culpabiliser les consommateurs, mais de prendre du recul pour interroger sa consommation. Pour la santé, le portefeuille ou juste pour le défi, des millions de personnes font donc une pause dans leur consommation d’alcool, durant tout le mois de janvier 2026 (4,5 millions de Français ont participé à l'édition 2024).

La règle du Dry January est simple : ne pas boire d’alcool à partir de votre heure de lever le 1er janvier et jusqu’à la fin du mois, sachant qu'il n’y a pas de « bon point » si on ne boit pas ni de mauvais point si on boit, car c’est à chacun de faire un choix personnel avec ses propres objectifs et d’en constater les effets.

L’alcool, deuxième cause de mortalité en France

La consommation d’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable en France : 41 000 décès par an selon Santé Publique France (source 1). Consommé de façon excessive, l'alcool contribue directement ou indirectement à 11 % des décès masculins et 4 % des décès féminins, selon l'Inserm (source 2). Ces décès sont principalement liés aux cancers (près de 30 000 cancers sont ainsi attribuables à l'alcool), aux maladies cardiovasculaires, aux maladies digestives, aux accidents et aux suicides.

Santé Publique France recommande (source 3)  : 

  • de limiter sa consommation à maximum 10 verres par semaine,
  • de limiter sa consommation à maximum 2 verres par jour,
  • d'avoir des jours sans consommation dans une semaine.

En résumé, pour préserver votre santé, l'alcool, c'est maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours. À noter qu'un verre de bière (250-300 ml), un verre de vin (150 ml) et une mesure de spiritueux (30-50 ml) contiennent une quantité voisine d’alcool, environ 10 g d’éthanol.

La consommation d'alcool peut nuire à la grossesse (augmentation du risque de fausse couche ou d'accouchement prématuré) et au développement du fœtus (bébé mort-né, malformation du cœur, des reins, etc ou encore problèmes d’apprentissage, de mémoire et de comportement). L'alcool passe en effet du sang maternel vers le sang du fœtus au travers du placenta et est éliminé lentement car son foie n'est pas assez développé. On recommande donc aux femmes enceintes de ne surtout pas consommer d'alcool

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Pourquoi est-il important de promouvoir le Dry-January ?

L'évènement Dry January permet de sensibiliser davantage la population sur la question de la maitrise de la consommation d'alcool. La France est l’un des pays les plus consommateurs d’alcool parmi les pays d’Europe occidentale. L'alcool est associé positivement à la joie, à la convivialité, à la fête…

Selon le Baromètre 2024 de Santé Publique France, 22,2 % des adultes déclarent une consommation d’alcool au-dessus des repères de consommation à moindre risque au cours des sept derniers jours (30,3 % des hommes et 14,6 % des femmes). Un chiffre relativement stable par rapport à 2021.

Les jeunes sont de plus en plus concernés par la consommation d'alcool, avec une expérimentation qui commence dès l'adolescence. À 16 ans, sept jeunes Français sur dix (68 %) ont expérimenté l’alcool, selon une étude européenne de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publiée en septmebre 2025. Rappelons que, dans les cas graves l’alcool peut conduire au coma éthylique.

Janvier sans alcool : quels sont les bienfaits du Dry January ?

En 2018, le Dr Richard de Visser, psychologue à l’université du Sussex, a mené l'enquête auprès de 800 personnes inscrites à l'édition du Dry January. Ses conclusions, publiées dans le British Medical Journal (source 4) indiquent qu'un mois sans alcool permet de réduire significativement la tension artérielle, le taux de cholestérol et le risque de diabète. À l'issue de ce défi :

  • 93 % des personnes interrogées se sentent mieux dans leur peau ;
  • 80 % ont le sentiment d’avoir repris le contrôle de leur consommation d’alcool ;
  • et 71 % ont compris qu’elles n’avaient pas besoin de boire pour s’amuser.

Des effets bénéfiques sur le poids, le sommeil, la peau…

On constate aussi de nombreux effets sur la santé, à court, moyen et long terme.

Une perte de poids rapide : les boissons à base d’alcool sont souvent très caloriques. Un verre de vin blanc peut par exemple contenir jusqu’à 121 calories, et une pinte de bière, 150 calories. Diminuer même de quelques verres par semaine sa consommation permet de garder la ligne, voire de s'alléger de quelques kilos.

Un important gain d'énergie : consommer un ou deux verres d'alcool peut nous donner l’impression d’être de meilleure humeur et plus détendu.e. Mais cet effet ne dure pas. La prise d’alcool, surtout en grande quantité, peut affecter les connexions du cerveau qui concernent l’humeur, l’anxiété, le stress et la dépression.

Des nuits plus reposantes : selon l'étude britannique menée par le Dr Richard de Visser, 71 % des personnes ayant participé au Dry January disent avoir beaucoup mieux dormi. "L’alcool accélère l’endormissement, mais perturbe les cycles de sommeil", confirme la Dre Cécile Prévost, vice-présidente de la Société française d’alcoologie. "Le sommeil devient instable en deuxième partie de nuit avec des rêves intenses et des cauchemars, entrecoupés de réveils et de levers pour aller aux toilettes, et finalement un réveil précoce", ajoute la spécialiste.

Une meilleure concentration : dans la même étude, 57 % des participants ont observé une amélioration de leurs capacités de concentration, notamment au travail. L’alcool complique le maintien de l’attention (il est plus difficile de lire un long texte ou de regarder une vidéo en entier) et  sa consommation peut impacter la mémoire et la concentration pendant 48 h !

Une peau fraîche et plus belle : les effets déshydratants de l’alcool sont particulièrement néfastes pour la peau. À forte dose, l'alcool expose à des carences en zinc, susceptibles d’entraîner des rougeurs au niveau du visage.

Un estomac plus sain : même une faible quantité d’alcool peut irriter l’estomac en augmentant la production d’acide. Résultat : une inflammation pouvant se traduire par une gastrite, caractérisée par des douleurs, des vomissements et de la diarrhée. Une prise d’alcool importante et régulière peut même provoquer des saignements au niveau de l’estomac.

Des séances de sport plus efficaces : "L’alcool a un effet négatif sur la synthèse des protéines et la prise de muscles", indique le Pr Amine Benyamina, psychiatre addictologue. En arrêtant, vous verrez plus vite les résultats sur votre silhouette. Et vous aurez sans doute moins de courbatures, car la déshydratation liée à l’alcool favorise leur apparition.

Une plus grande résistance aux virus : l’alcool perturbe des cellules clés de la lutte contre les virus, comme les globules blancs, surtout en cas de binge drinking (boire plusieurs verres rapidement dans le but de s'enivrer). Boire régulièrement pourrait aussi rendre plus vulnérable aux infections respiratoires. S’abstenir de soirées arrosées est donc une bonne idée pour soigner son immunité quand grippe, coronavirus et gastro sont autour de nous.

D'importantes économies ! la diminution des dépenses liées à l’alcool est un aspect financier non négligeable à prendre en compte.

Une consommation d'alcool mieux maîtrisée. Après qu'une personne a participé au Dry-January sa consommation reste maitrisée pendant plusieurs mois : les bénéfices d'une pause dans la consommation d'alcool déjà constatés par les participants ont été évalués et validés par plusieurs études scientifiques.

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Défi de janvier : nos conseils pour rester sobre

  • Fixez-vous des objectifs à atteindre et ne soyez pas trop dur avec vous-même. Certains parviennent à stopper directement leur consommation. D'autres avancent par étape (pas plus de six verres la première semaine, puis quatre, puis deux, puis aucun). L'application Dry January vous permettra de suivre vos progrès et de rester motivé.e.
  • Pour limiter toute tentation, rangez ou débarrassez-vous de toutes les bouteilles qui traînent chez vous. De même, éloignez les verres à vin, tire-bouchon et autres décapsuleurs. N'hésitez pas à les remplacer par de nouvelles boissons (kombucha, jus de fruits, ginger beer, jus d'aloe vera, eau de coco, citronnades, etc.).
  • Pratiquez une activité physique régulière pour limiter l'envie de boire, veillez à avoir une alimentation équilibrée et évitez toute forme de stress.
  • Dans un cadre festif, si jus de fruits et sodas ne vous suffisent pas, misez sur des bières ou cocktails sans alcool.

Pensez aussi à vous entourer d'amis qui vous soutiennent. Plus nous sommes nombreux à suivre le mouvement, plus c'est facile ! Alors, pour motiver vos proches et partager vos efforts, utilisez les hashtags #LeDéfiDeJanvier et #dryjanuary sur les réseaux sociaux.

Des associations pour vous aider

Pour trouver de l'aide, n'hésitez pas à vous tourner vers un.e professionnel.le de santé ou une association spécialisée :

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