Nyctophobie : quand la nuit devient source d'inquiétude

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Personne allongée dans un lit, cachée sous une couette grise dans une chambre sombre. © Anna Gorbacheva / iStock / Getty Images Plus

En collaboration avec Cédric Daudon (Psychologue cognitiviste, spécialisé en TCC et en EMDR)

Quand la tombée de la nuit fait monter l’angoisse, le sommeil devient difficile et les journées plus fatigantes. Bonne nouvelle : il existe des solutions simples pour reprendre le contrôle !

L'essentiel

Résumé par l’IA, validé par la Rédaction.

La nuit réveille une véritable anxiété chez certaines personnes : le cœur s’emballe, l’imagination aussi, et l’endormissement devient difficile… C’est ce que l’on appelle la nyctophobie, une appréhension qui peut gâcher les soirées et perturber le sommeil. Heureusement, il existe des solutions pour en venir à bout ! On fait le point avec Cédric Daudon, psychologue cognitiviste à Ajaccio.

Qu’est-ce que la nyctophobie ?

La nyctophobie ne désigne pas simplement la peur du noir. Elle évoque surtout la peur de la nuit en elle-même, de ce qu’elle peut évoquer ou faire imaginer. « Lorsque l’environnement devient silencieux et que les repères disparaissent, l’esprit peut combler le vide par des scénarios inquiétants. C’est l’imagination qui déclenche l’anxiété », indique Cédric Daudon.

À noter : cette phobie peut se manifester à tout âge. Les enfants y sont souvent sensibles, mais les adultes peuvent aussi être concernés, et n’osent pas forcément en parler.

Quelle différence avec l’achluophobie ?

  • La nyctophobie concerne surtout la nuit, son ambiance, ses bruits, son atmosphère, et tout ce que l’on redoute dans ce moment particulier.
  • L’achluophobie, elle, correspond à la peur du noir en tant que tel, c’est-à-dire de l’absence de lumière, même si l’on se trouve dans un lieu familier et rassurant.

Causes : pourquoi a-t-on peur du noir ?

La peur de la nuit ne vient jamais de nulle part. Elle s’installe souvent parce que l’imaginaire s’emballe lorsque les repères disparaissent. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce phénomène :

  • Des évènements traumatiques liés à l’obscurité : un enfermement, un accident ou toute situation vécue comme dangereuse peut laisser une empreinte durable. Le cerveau associe alors l’obscurité à un danger, déclenchant la peur dès que la lumière disparaît.
  • Un terrain anxieux : certaines personnes sont naturellement plus sensibles au stress. Les inquiétudes accumulées dans la journée peuvent se renforcer la nuit, quand le calme et le silence laissent plus de place aux pensées anxieuses.
  • Des habitudes de sommeil fragiles : dormir dans un espace très sombre, isolé ou silencieux peut favoriser l’angoisse nocturne, car l’esprit n’a plus de repères et laisse libre cours à l’imagination.
  • Une sensibilité particulière à l’inconnu : certaines personnes sont plus réceptives aux histoires, films d’horreur ou images effrayantes.

« Les enfants sont souvent plus sensibles aux récits effrayants, mais certains adultes peuvent aussi être marqués par ces expériences culturelles. Cela déclenche des mécanismes d’évitement ou de vigilance accrue face à l’obscurité », explique Cédric Daudon. La nyctophobie est donc un mélange de vécu, de tempérament et d’habitudes.

Nyctophobie : quels signes doivent alerter ?

La peur de la nuit peut être passagère et relativement banale. Mais parfois, elle dépasse l’inconfort habituel et mérite une attention particulière… Plusieurs signes doivent alerter :

Les signes physiques

  • Palpitations, sueurs, mains moites, accélération de la respiration ou tremblements dès que la nuit tombe ou à l’idée de sortir le soir.
  • Maux de tête, douleurs abdominales, nausées ou vertiges lorsqu’il faut affronter l’obscurité nocturne.
  • Difficulté à respirer ou sensation d’oppression dans la poitrine.

Les signes émotionnels et comportementaux

  • Anxiété intense à la tombée de la nuit, parfois accompagnée de crises de panique.
  • Refus d’aller dehors après le coucher du soleil ou d’être seul(e) dans une chambre non éclairée.
  • Peur persistante que la nuit apporte un danger (accident, cambriolage, monstres, etc.), même quand il n’y a pas de raison réelle.
  • Insomnie ou réveils nocturnes fréquents, par peur de l’obscurité.

Les signes sociaux et l’impact sur la vie quotidienne

  • Évitement des sorties ou activités nocturnes (soirées, cinéma, camping, promenades).
  • Fatigue ou irritabilité dues au manque de sommeil ou à l’anxiété constante.
  • Difficultés à rester seul(e) à la maison le soir ou à dormir seul(e).

Peur phobique de la nuit : quand consulter un professionnel ?

  • Si la peur de la nuit devient intense au point d’empêcher le sommeil ou les activités quotidiennes.
  • Si elle entraîne des crises de panique ou une anxiété persistante.

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Solutions : nos conseils pour gérer la peur de la nuit !

La peur de la nuit peut être déstabilisante, mais il existe des stratégies simples pour la surmonter au quotidien.

Créez un environnement rassurant

  • Installez une veilleuse douce dans la chambre pour conserver un peu de lumière.
  • Gardez des objets familiers à portée de main, comme un doudou ou un livre préféré.
  • Évitez les sources de stress avant le coucher : écrans, films ou histoires effrayantes.

Apprenez à vous détendre

  • Faites des exercices de relaxation ou d’autohypnose.
  • Respirez profondément ou pratiquez une courte méditation guidée.
  • Imaginez des scènes agréables et rassurantes avant de s’endormir.

Avancez petits pas par petit pas

  • Réduisez progressivement la lumière plutôt que de l’éteindre complètement.
  • Habituez-vous à l’obscurité en restant quelques minutes dans une pièce semi-obscure.

Cherchez du soutien

  • Parlez de votre peur à des proches.
  • Consultez un psychologue ou un médecin si l’anxiété persiste.

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) permettent de désensibiliser progressivement à la nuit et à l’obscurité, et de distinguer pensées rationnelles et pensées irrationnelles, souligne Cédric Daudon : « On commence souvent par de petites expositions répétées à la nuit ou à l’obscurité, en combinant relaxation et restructuration cognitive. L’objectif est d’apprendre à tolérer l’absence de lumière sans déclencher d’anxiété. ».

En résumé, la peur de la nuit est loin d’être une fatalité. Avec quelques gestes simples, un environnement rassurant et un accompagnement adapté, il est possible d’apprendre à mieux gérer son anxiété et à retrouver des nuits sereines. La clé, c’est la patience : avancer progressivement, écouter ses besoins et ne pas hésiter à demander de l’aide pour reprendre confiance !

Sources

Entretien avec Cédric Daudon, psychologue cognitiviste, spécialisé en TCC et en EMDR.

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