Il a peu plié mais a fini par rompre. Un des deux chênes centenaires de la zone humide du Pré, à Aigné (Sarthe), est tombé, victime des vents violents qui ont balayé le secteur à l’automne. Depuis, il gît au sol. On aurait pu en faire du petit bois, seulement voilà : ce spécimen abrite des larves de Grand capricorne, un coléoptère protégé. Alors, la municipalité, conseillée par Manuel Plantive, chargé d’études au sein du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement Vallées de la Sarthe et du Loir (CPIE), a transformé l’arbre en hôtel à insectes XXL.
« Les larves, qui peuvent atteindre 9 cm, ont creusé des galeries, bien visibles, dans le tronc et les plus grosses branches pour se nourrir, décrit l’écologue. Mais une fois adultes, elles le quitteront. » Le chêne pourra accueillir d’autres insectes et des champignons, qui le décomposeront naturellement. Il a été ébranché afin d’éviter que les promeneurs se blessent. Le bois a lui aussi été laissé sur place, où il sera colonisé à son tour. « Même si la loi prévoit que l’habitat des espèces protégées doit être sauvegardé, l’engagement des élus n’est pas commun, souligne Manuel Plantive. Il montre des convictions fortes. »
Une municipalité engagée pour la biodiversité
« Le conseil municipal a été unanime, insiste Joël Juillet, adjoint au maire chargé du cadre de vie. Et nos 1700 concitoyens sont fiers de ce choix. » D’autant plus que l’inventaire du CPIE a révélé la richesse de la biodiversité de la zone humide, où on peut observer notamment le criquet ensanglanté et la libellule agrion de Mercure. Pour assurer la sauvegarde des lieux, la municipalité a fait creuser deux mares, a permis la plantation d’osier, utilisé par le club de vannerie local, et travaille à la création d’un parcours pédagogique. Le vieux chêne a montré la voie.



