Pour permettre au plan de paix américain de se déployer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait part jeudi 11 décembre d’une importante concession que pourrait faire l’Ukraine, exigeant toutefois des garanties de sécurité.
Kiev a remis ce mercredi une version amendée du plan de Donald Trump, qui reprenait des exigences majeures de Moscou, comprenant des contre-propositions. Le président ukrainien a confirmé jeudi que les États-Unis souhaitaient conclure un accord "le plus tôt" possible.
"Zone démilitarisée" ou "zone économique"
Selon Volodymyr Zelensky, les deux questions essentielles restant à négocier sont le contrôle de la région orientale de Donetsk, où se déroule l’essentiel des combats, et le statut de la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par Moscou dans le sud de l’Ukraine. Le président ukrainien a assuré aux journalistes, dont ceux de l’AFP, que Washington "voit les forces ukrainiennes se retirer" de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent encore et qui serait transformée en "zone économique libre" ou "zone démilitarisée".
En échange, l’armée russe se retirerait des zones sous son contrôle dans les régions de Soumy, Kharkiv et Dnipropetrovsk (nord, nord-est et centre-est), mais se maintiendrait dans celles de Kherson et Zaporijia (sud). Pour rappel, la région de Donetsk, contrôlée à plus de 80 % par la Russie, et celle voisine de Lougansk, presque totalement sous son contrôle, sont l’objectif prioritaire du Kremlin en Ukraine. Moscou revendique depuis 2022 leur annexion, tout comme celle de deux autres régions du sud, celles de Kherson et Zaporijia, que les forces russes occupent partiellement.
"Ligne de séparation"
L’idée d’une zone démilitarisée dans des territoires que la Russie n’a pas réussi à conquérir en près de quatre ans d’intenses combats représenterait une concession majeure de Kiev, qui éviterait cependant d’y renoncer formellement. Le conseiller ukrainien pour la paix, Mikhaïlo Podoliak, a semblé la justifier en déclarant au journal Le Monde qu'"une zone démilitarisée devra exister de part et d’autre de la ligne" où serait déployé "un contingent étranger" : "C’est un format naturel de fin de conflit, sachant qu’une partie du territoire restera malheureusement sous occupation de facto de la Russie et qu’une ligne de séparation sera fixée de toute façon." "Il faudra décrire, de manière logique et juridique, si tous les types d’armements doivent être retirés ou uniquement les armes lourdes. Pour prévenir d’éventuelles violations, des représentants de missions de surveillance et un contingent étranger devront être présents afin de veiller au respect des principes et des accords", a-t-il également déclaré.
Volodymyr Zelensky a assuré que dans tous les cas, une "élection" ou un "référendum" sera nécessaire en Ukraine pour trancher sur les questions territoriales. Mardi, il s’était dit prêt à organiser une présidentielle si la sécurité du scrutin pouvait être assurée par les États-Unis, avec les Européens.
Américains et Russes sceptiques
Néanmoins, il n’est pas certain que Moscou accepte la proposition, ni même qu’elle soit soutenue par les États-Unis. Deux sources américaines interrogées par le journal en ligne Politico, ont ainsi exprimé leur scepticisme quant au fait que la Russie soutiendrait le plan, élaboré cette semaine avec la contribution des dirigeants européens. Quant à Donald Trump, ces sources font remarquer qu’il considère toujours l’Ukraine comme la partie la plus faible et la plus malléable dans le conflit, en particulier à la suite d’un scandale de corruption qui a forcé le chef d’état-major de longue date de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, à démissionner.
Donald Trump, qui semblait sceptique quant aux perspectives de percée dans les commentaires du bureau Ovale mercredi, "est au courant" du dernier plan de 20 points que l’Ukraine a envoyé à Washington mercredi, a déclaré jeudi la porte-parole Karoline Leavitt. La Maison-Blanche n’a toutefois pas précisé ce que Trump pense de la proposition révisée, ou s’il comptait envoyer des assistants pour participer à des conversations supplémentaires avec des responsables européens et ukrainiens prévues ce week-end à Paris. En outre, Donald Trump a suggéré que les garanties de sécurité que l’Ukraine recherche, visant à dissuader la Russie d’attaquer à nouveau l’Ukraine, devraient venir principalement d’Europe.

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