Economie. Le ministre des Finances grec Kyriakos Pierrakakis a été élu jeudi par ses pairs à la tête de l’instance qui gouverne la zone euro, l’Eurogroupe.
Publié le 12/12/2025 à 13:21

Le nouveau président de l'Eurogroupe, le Grec Kyriakos Pierrakakis, à Bruxelles, le 11 décembre 2025
afp.com/NICOLAS TUCAT
"C’est la reconnaissance la plus éclatante de la trajectoire positive de notre patrie", s’est félicité ce jeudi 11 décembre le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, saluant "un jour de fierté pour le pays, pour le gouvernement et pour tous les citoyens". Et pour cause : le pays qui a failli être expulsé de la zone euro il y a dix ans dirige maintenant le puissant organe de l’UE qui l’a sauvé de la faillite.
"Il y a 10 ans, le débat ici à Bruxelles était de savoir si la Grèce allait sortir ou pas de la zone euro. Et pourtant, elle a tenu bon. C’est un témoignage de bien des choses, de la force collective de notre peuple, et de la solidarité européenne", a déclaré à la presse le ministre des Finances grec, tout juste élu par ses pairs à la tête de l’Eurogroupe, Kyriakos Pierrakakis. Il a battu jeudi le vice-Premier ministre belge Vincent Van Peteghem dans la course à la présidence de l’instance. "La Grèce a parcouru un si long chemin au cours des 10 dernières années", a résumé le président du Conseil, Antonio Costa.
"Pouvoir de résilience"
Pourtant, peu de diplomates s’attendaient initialement à ce que l’informaticien et économiste politique de 42 ans ne remporte la course à la tête de l’Eurogroupe après la démission du titulaire Paschal Donohoe le mois dernier. Le Belge Van Peteghem pouvait se vanter de plus d’expérience et du respect dont il bénéficie au sein de la zone euro, ce qui faisait de lui le premier favori pour gagner, comme le souligne le journal en ligne Politico.
Kyriakos Pierrakakis est ministre des Finances depuis mars, après avoir piloté la transformation de l’administration grecque depuis 2019 en tant que ministre de la Gouvernance numérique, puis de l’Education. Dans sa candidature, il avait mis en avant "le pouvoir de la résilience" dont sa génération a fait preuve, après la tourmente des années 2010, lorsque la crise de la dette grecque a failli provoquer l’implosion de la zone euro. Une "crise existentielle" qui a démontré selon lui "le coût de la complaisance, la nécessité des réformes et l’importance de la solidarité européenne".
Politique budgétaire de la zone euro
L’Eurogroupe est une instance créée en 1997 qui coordonne les politiques économiques et budgétaires des 20 pays de la zone euro, bientôt au nombre de 21, la Bulgarie s’apprêtant à adopter la monnaie unique le 1er janvier prochain. En tant que président de l’Eurogroupe, le chef des finances grec présidera les réunions mensuelles de ses homologues et représentera la zone euro à l’échelle internationale. Il devra aussi la représenter dans différents organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, G7 Finances…), ce qui lui procure une stature internationale, note l’agence Bloomberg.
Le chef des finances grecques a déjà donné un indice sur ses priorités dans son nouveau rôle. Dans une lettre de motivation pour le poste, il avait indiqué vouloir se concentrer sur le syndicat d’épargne et d’investissement du bloc, l’achèvement du marché unique, l’euro numérique et la souveraineté technologique de l’Europe, ainsi que sur la sauvegarde des fondements économiques du continent.
Conçu à l’origine comme un rassemblement informel pour échanger des points de vue, l’Eurogroupe est devenu au fil du temps l’un des forums les plus surveillés de la région pendant la crise de la dette souveraine. Il a notamment négocié des accords sur les renflouements d’urgence, une refonte des règles bancaires de l’Union européenne et des prêts pour empêcher la Grèce de faire défaut et de sortir de l’euro.

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