Si l’Ukraine dit vrai, la guerre navale - jusqu’ici largement dominée par la Russie - pourrait connaître un tournant majeur en faveur de Kiev. Lundi 15 décembre, les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont affirmé sur Telegram que "des drones sous-marins Sub Sea Baby ont fait exploser un sous-marin russe" de classe Kilo. Le bâtiment, amarré en mer Noire dans le port de Novorossiïsk, n’aurait pas coulé mais aurait été mis "hors service" en raison de "dégâts critiques". Moscou, de son côté, nie toute atteinte au sous-marin.
Au-delà même du conflit russo-ukrainien, il s’agirait d’une première dans l’histoire militaire : jamais un sous-marin n’a été neutralisé par un drone sous-marin. Pour étayer ses déclarations, Kiev a diffusé des images issues de la vidéosurveillance du port de Novorossiïsk, montrant une explosion. Impossible toutefois de déterminer avec certitude si le sous-marin a été touché ou si seules des infrastructures portuaires, comme une jetée, ont été endommagées.
Jusqu’à présent, l’Ukraine avait déjà réussi à frapper des navires de surface et des infrastructures russes en mer Noire, mais jamais un sous-marin. Pour atteindre sa cible, le drone aurait dû franchir un important dispositif de sécurité protégeant ce port stratégique de l’oblast de Krasnodar : patrouilles, capteurs acoustiques et barrières physiques sur les voies maritimes.
Les sous-marins de classe Kilo, en service depuis les années 1980, sont des bâtiments d’attaque conventionnels à propulsion diesel. La Russie en posséderait plus d’une trentaine. Ces engins sont notamment utilisés pour tirer des missiles de croisière Kalibr contre l’Ukraine. Leur coût unitaire est estimé à environ 400 millions d’euros… Un coût de production bien supérieur à celui des Sub Sea Baby qui l’auraient endommagé.
Vers un renversement du rapport de force naval ?
Peu d’informations ont filtré en revanche sur les drones Sub Sea Baby. Selon Der Spiegel, cette famille de drones maritimes peut être équipée de mitrailleuses ou de lance-roquettes. Jusqu’ici, ils étaient surtout conçus pour des missions de surface, ressemblant davantage à de petites embarcations qu’à de véritables sous-marins. L’une des hypothèses est que ces drones aient été modifiés par l’armée ukrainienne pour cette mission spécifique, notamment afin de poser des charges ou des mines sous-marines. Cette nouvelle efficacité pourrait profondément bouleverser l’équilibre naval du conflit, permettant à Kiev d’infliger des pertes lourdes à moindre coût.
D’autant que deux autres modèles de drones sous-marins seraient actuellement en développement : le Maritschka et le Toloka, deux engins sans pilote s’apparentant à de petits sous-marins. Selon le site spécialisé The War Zone (TWZ), le Maritschka pourrait atteindre une portée d’environ 1 000 kilomètres, couvrant ainsi une large partie de la mer Noire sous contrôle russe.
Depuis le début de la guerre, l’un des objectifs majeurs de Kiev est de neutraliser les vecteurs russes de missiles de croisière et balistiques - principalement les bombardiers et les sous-marins - qui permettent à Moscou de faire pleuvoir les bombes sur les villes et l’armée ukrainiennes. Jusqu’à présent, les dégâts infligés restaient limités. Si l’opération revendiquée par l’Ukraine se confirme, elle pourrait ouvrir la voie à une multiplication d’attaques de drones sous-marins, peu coûteuses mais potentiellement dévastatrices.

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