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En collaboration avec Cédric Daudon (Psychologue cognitiviste, spécialisé en TCC et en EMDR)
La peur du noir touche bien plus de personnes qu’on ne l’imagine. Bonne nouvelle : il existe des solutions simples pour retrouver un peu de sérénité, soir après soir.
L'essentiel
Résumé par l’IA, validé par la Rédaction.
Avoir peur du noir peut sembler anodin. Mais pour certaines personnes, l’obscurité est une source d’angoisse au quotidien. Bonne nouvelle : cette angoisse se travaille et se surmonte. On fait le point avec Cédric Daudon, psychologue cognitiviste à Ajaccio.
Qu’est-ce que l’achluophobie ?
L’achluophobie désigne la peur intense et incontrôlable de se retrouver dans le noir. Ce n’est pas une simple appréhension : l’obscurité peut provoquer une véritable montée d’angoisse, accompagnée de palpitations, de tensions musculaires ou d’un besoin immédiat d’allumer une lumière pour se rassurer.
À noter : cette phobie peut se manifester à tout âge. Les enfants y sont souvent sensibles, mais les adultes peuvent aussi être concernés, et n’osent pas forcément en parler.
Quelle différence avec la nyctophobie ?
- L’achluophobie désigne la peur du noir, quel que soit le moment de la journée.
- La nyctophobie désigne plutôt la peur de la nuit en général (pas seulement du noir). Elle peut survenir même lorsqu’une lumière reste allumée.
Pour Cédric Daudon, la nuance est surtout théorique : les mécanismes et les solutions pour apprivoiser l’obscurité restent proches.
Un point d’éthymologie
Le terme achluophobie vient du grec ancien :
- « Achlys » signifie obscurité, brouillard, ténèbres.
- « Phobos » signifie peur.
L’achluophobie est donc, littéralement, la peur des ténèbres.
Quels signes doivent alerter chez l’enfant et l’adulte ?
Certaines manifestations doivent alerter :
- Des pensées anxieuses répétitives sur les dangers liés à l’obscurité.
- Des difficultés à se détendre ou à se concentrer quand la lumière diminue.
- Une peur excessive et immédiate dans le noir, même si l’on est dans un lieu familier.
- Des troubles du sommeil importants : insomnies, réveils nocturnes, paralysie du sommeil, etc.
- Des comportements compulsifs, comme la vérification des pièces et le besoin constant de lumière.
- Une anxiété anticipatoire : une inquiétude, voire des crises d’angoisse à la simple idée de se retrouver dans l’obscurité.
- Des réactions physiques intenses : palpitations, sueurs, tremblements, sensation d’oppression, difficultés respiratoires, nausées ou vertiges dans l’obscurité.
- L’évitement de situations où l’on peut se retrouver dans le noir : « Certaines personnes rentrent chez elles avant la tombée de la nuit, évitent les restaurants le soir ou laissent toutes les lumières allumées la nuit. Elles savent qu’elles sont en sécurité, mais leur corps réagit comme si l’obscurité était synonyme de danger », explique Cédric Daudon.
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D’où vient cette phobie ? Les causes possibles
Plusieurs pistes peuvent expliquer l’achluophobie :
Des traces ancestrales
Historiquement, la nuit a longtemps été un moment risqué pour l’Homme. Dans l’obscurité, les repères disparaissent et les sens fonctionnent moins bien. Même aujourd’hui, notre cerveau reste en alerte, ce qui peut provoquer naturellement de l’inquiétude.
Les souvenirs marquants et les traumatismes
Certaines expériences vécues dans le noir, surtout pendant l’enfance, peuvent laisser une trace durable. Un incident effrayant ou un traumatisme vécu à tout âge peut déclencher ou maintenir cette peur.
L’influence de la culture et des médias
Films d’horreur, histoires effrayantes ou contenus anxiogènes sur les réseaux sociaux peuvent renforcer la peur du noir. Chez les enfants, un film inadapté peut provoquer des cauchemars et rendre l’endormissement plus difficile, par exemple.
Les facteurs aggravants :
Certains éléments peuvent accentuer cette peur :
- La solitude au moment du coucher.
- Le manque de sommeil (la fatigue rend le cerveau plus sensible aux peurs).
- Le stress et l’anxiété. L’achluophobie peut apparaître ou s’intensifier pendant les périodes difficiles psychologiquement. Et les personnes sensibles ou naturellement anxieuses sont particulièrement concernées.
En résumé, la peur du noir est souvent issue d’un mélange de facteurs biologiques, psychologiques et culturels.
Comment apaiser l’achluophobie au quotidien ?
De petits gestes peuvent déjà faire une grande différence. L’objectif est de reprendre confiance, pas de se forcer, insiste Cédric Daudon.
Pour les adultes
- Installez une lumière douce dans votre chambre, comme une veilleuse.
- Créez un rituel du soir apaisant : douche chaude, tisane, musique calme, respiration lente.
- Rangez et sécurisez votre espace pour vous sentir plus à l’aise.
- Évitez les écrans avant de dormir, qui stimulent l’imaginaire.
- Exposez-vous progressivement à des zones moins éclairées (en journée ou le soir).
Ces gestes simples permettent au cerveau de se détendre et de réduire l’anxiété associée à l’obscurité.
Et chez l’enfant, que faire ?
La peur du noir est fréquente chez les plus jeunes. Elle est surtout alimentée par l’imagination plutôt que par l’obscurité elle-même. Pour les aider :
- Restez calme et rassurant, sans vous moquer.
- Proposez une veilleuse ou un objet réconfortant.
- Instaurez un rituel stable avant le coucher.
- Vérifiez ensemble les zones qui peuvent effrayer.
- Surveillez les contenus auxquels l’enfant a accès : films, vidéos ou histoires effrayantes.
Si la peur persiste ou devient trop intense, l’avis d’un pédiatre, d’un psychiatre ou d’un psychologue peut être utile.
Peur du noir : quand consulter un professionnel ?
La peur du noir devient problématique lorsqu’elle perturbe la vie quotidienne. Dans ce cas, demander de l’aide peut vraiment soulager. Un psychologue ou un psychiatre peut :
- vous aider à comprendre ce qui déclenche la peur,
- vous proposer des exercices d’exposition progressive à l’obscurité,
- vous proposer des techniques de relaxation et de respiration pour calmer l’anxiété.
- vous proposer des exercices de restructuration cognitive pour distinguer les pensées irrationnelles de la réalité.
L’objectif est d’apprendre à gérer la peur, pas de la supprimer brusquement, note Cédric Daudon.
Bon à savoir : les thérapies sont toujours personnalisées selon le rythme, les habitudes de vie et les besoins de chacun(e). Consulter n’est jamais un signe de faiblesse. Au contraire, c’est une démarche courageuse pour reprendre confiance et retrouver un quotidien plus serein !
Peut-on vraiment surmonter l’achluophobie ?
Oui. Avec de la patience, des outils adaptés et parfois un soutien professionnel, il est tout à fait possible de réduire cette peur et de retrouver des nuits plus paisibles. Même si la peur est ancienne ou très intense, le cerveau apprend vite lorsqu’on le guide correctement.
Sources
Entretien avec Cédric Daudon, psychologue cognitiviste, spécialisé en TCC et en EMDR.

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