Vous voulez offrir un beau livre à Noël ? Notre sélection des vingt ouvrages à mettre sous le sapin

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Les Contemplations, par Victor Hugo. Diane de Selliers, 395 p., 230 €.

Chaque nouveau livre de Diane de Selliers est un événement pour les connaisseurs, et celui-ci ne fait pas exception. L’éditrice la plus esthète de Paris a décidé d’associer les poèmes des Contemplations de Victor Hugo avec des photos d’époque – 136 daguerréotypes, calotypes ou tirages à l’albumine pris par différents artistes. C’est le moment où, exilé à Jersey, Hugo se passionne pour le spiritisme. Ce qui donne à cet ouvrage un charme mystérieux, limite inquiétant – le fantôme de Léopoldine va-t-il apparaître ? On tourne les pages comme on fait tourner les tables… Louis-Henri de La Rochefoucauld

Itō Jakuchū. La nature enchantée, par Joséphine Bindé. Hazan, 224 p., 49,95 €.

En 2018, les grands panneaux sur soie colorés figurant des oiseaux, des insectes ou des fleurs sauvages éblouissaient les visiteurs du Petit Palais à Paris, qui découvraient l’univers fascinant d’Ito Jakuchu (1716-1800). Aujourd’hui, l’autrice Joséphine Bindé consacre une impressionnante monographie à cet artiste emblématique de la période Edo. Influencé par le bouddhisme Zen, en rupture avec les conventions de son époque par son indépendance et son excentricité, le peintre japonais a subjugué ses contemporains pour le réalisme de ses représentations du règne animal. Conservées, pour la plupart, au musée des collections impériales de Tokyo, elles sont superbement mises en valeur dans cette édition à la couverture soyeuse et au jaspage ornementé. Letizia Dannery

Les Empires anciens, sous la direction de Marie Favereau. Perrin/L'Histoire, 393 p., 35 €.

De nos jours, les empires ont mauvaise presse, étant associés au colonialisme, aux ambitions de Vladimir Poutine ou même à... Star Wars. Mais comme le rappelle cet ouvrage passionnant, longtemps, l'empire fut une forme politique féconde permettant la cohabitation entre différents peuples, tout en développant les échanges marchands. De la Mésopotamie du IVe millénaire avant notre ère jusqu'à la Moscovie d'Ivan le Terrible, en passant par les Romains, les Sassanides, les Song, les Abbassides, les Mongols ou les Incas, cette somme montre à quel point historiens et archéologues ont fait des progrès spectaculaires dans la connaissance de ces mondes engloutis. Thomas Mahler

Tous en ligne, par Saul Steinberg. La Table Ronde, 151 p., 44 €.

Une citation de Sempé vaut mieux qu’un long discours : "Je crois que les livres que j’ai le plus lus et regardés, ce sont les albums de Steinberg." De Roland Barthes à Tomi Ungerer et de Ionesco à Cabu, sans oublier Le Corbusier et Wolinski, on ne compte plus les gens de talent qui ont admiré l’ancien dessinateur star du New Yorker, né en Roumanie en 1914 et mort en 1999. Quelque part entre Sem et Les Shadoks, Steinberg savait élever la caricature au rang de l’un des beaux-arts. Cet album drôle et poétique permettra d’adoucir le spleen post-Noël. L.-H. L. R.

Le Louvre et ses chiens, par Martin Bethenod. Norma éditions & Louvre, 352 p., 39 €.

Faits d’argent, de bronze, de marbre, de porcelaine, de peinture ou de papier, compagnons des grandes figures mythologiques, des saints, des chasseurs ou des bergers, les chiens se faufilent dans tous les départements du Louvre. Martin Bethenod les a réunis dans ce livre-promenade original, préfacé par Laurence des Cars, qui, au-delà de son angle ludique, interroge les enjeux historiques, iconographiques ou symboliques de la présence de ces animaux dans l’histoire de l’art. D’Annubis, le canidé d’Egypte antique, au dogue allaitant de Rouillard, des épagneuls de Rubens aux lévriers de la cour Marly, c’est une passionnante immersion cynophile sous le prisme de la sculpture, de la peinture et des arts de la table. L. D.

Testament, par Napoléon Bonaparte. Editions des Saints Pères, 127 p., 160 €.

Les éditions des Saints Pères savent comme personne allier bibliophilie, modernité et originalité. Leur dernier titre ? Rien de moins que le testament de Napoléon ! Rédigé sur l’île de Sainte-Hélène en 1821 peu de temps avant l’agonie du grand déchu, ce document rare est conservé dans la mythique Armoire de fer des Archives nationales. Outre l’émotion de lire l’écriture vacillante de Napoléon, le texte vaut aussi pour la consonance politique des dernières volontés qui s’y expriment. Un livre indispensable pour tous les amateurs de la période impériale. L.-H. L. R.

L’art du minuscule, par Emmanuelle Rosenzweig. Editions Alternatives, 224 p., 32 €.

Les 70 artistes contemporains réunis dans cet ouvrage insolite ont des pratiques très diverses, mais un point commun : ils célèbrent l’art miniature dans leurs dioramas, leurs maquettes, leurs assemblages, leurs sculptures ou leurs origamis au format minuscule, voire microscopique. Au fil des pages, on découvre le travail du Britannique David A. London, qui détient le record de la plus petite sculpture faite à la main avec sa brique Lego de la taille d’un globule blanc, les espaces haussmanniens en papier à échelle réduite de la Française Camille Ortoli, les créations XXS réalisées à partir de sachets de thé par l’Américaine Kit Davey. Une ode à la minutie. L. D.

Contemplations italiennes, par Jean-Luc Bertini. Robert Laffont/Le Tripode, 206 p., 44 €.

Tout commence en 2003 lors d’un passage à la nécropole de Staglieno, à Gênes. Le photographe Jean-Luc Bertini (français mais d’origine italienne) est frappé par la grâce (esthétique, donc spirituelle). Il n’aura de cesse, ensuite, d’immortaliser des curiosités attrapées à la volée dans les cimetières de son pays perdu – gisants, statues, détails divers. Ceux qui connaissent de Bertini son travail de portraitiste presse, vivant et chatoyant, seront sidérés par la pureté de ces clichés en noir et blanc : ce grand vivant cache un esprit contemplatif. L.-H. L. R.

Bhoutan, par Pico Iyer et Matthieu Ricard. Editions du Pacifique, 312 p., 69 €.

Une douzaine de photographes internationaux, comme Steve McCurry, Vincent Munier, Olivia Arthur et Michael Yamashita, livrent leur regard sur l’un des pays les plus préservés au monde. Saison après saison, ils ont immortalisé les paysages à couper le souffle du petit royaume himalayen, niché entre massifs enneigés et forêts bucoliques, saisi les rituels monastiques à l’ombre des dzongs de l’enclave aux traditions séculaires, capté le quotidien des habitants biberonnées au BNB, le Bonheur national brut érigé en valeur suprême par les monarques bhoutanais. Un album hypnotique, enrichi par les textes de l’essayiste britannique Pico Iyer et du moine bouddhiste français Matthieu Ricard. L. D.

Le Hobbit, par J. R. R. Tolkien. Christian Bourgois, 377 p., 28 €.

Il n’y a pas que Le Seigneur des Anneaux dans la vie. Les inconditionnels de Tolkien, qui vénèrent autant Le Hobbit, vont être aux anges : grâce à Christian Bourgois, éditeur historique de Tolkien en France, son classique de 1937 reparaît dans une version collector. L’écrivaine, illustratrice et peintre finlandaise Tove Marika Jansson avait consacré des dessins au roman. Longtemps réservés aux pays scandinaves, en tout cas inédits chez nous, on les retrouve ici. L’occasion idéale de relire Le Hobbit, et d’y initier ses enfants par la même occasion. L. H. L. R.

Bords de scène, par Alexandre de Broca. Gallimard, 120 p., 28 €.

Fondus de théâtre en général et de la Comédie-Française en particulier, ce beau livre est pour vous ! Le peintre Alexandre de Broca a promené sa palette sur la scène et dans les coulisses de la "Maison" pour capter le spectacle en train de se construire, le travail des petites mains qui s’affairent aux costumes, aux machines, aux accessoires ou à la régie, les comédiens dans l’intimité de leur loge, les répétitions, les levers de rideau. Rien n’est figé, tout est mouvement dans cette immersion picturale "sur le vif", hommage au temple du verbe. L. D.

Le Splendid par le Splendid, par Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot (Cherche-Midi, 274 p., 29,50 €).

C'est l'album d'une bande de potes, comme celui de toute une génération. Paru l'année dernière, Le Splendid par le Splendid s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires, rapportant au passage une jolie somme à la Fondation pour la recherche médicale (FRM), dont Thierry Lhermitte est l'infatigable parrain. Voici donc une édition collector, avec seize pages supplémentaires et un hologramme sur la couverture. Après la disparition de Michel Blanc, cette saga prend une dimension encore plus émouvante. Défilent les photos et les souvenirs, du lycée Pasteur de Neuilly au César anniversaire remis en 2021, en passant par le café-théâtre, Les Bronzés, Le Père Noël est une ordure, Papy fait de la résistance... Ils se sont bien marrés, et on les a tant aimés. T. M.

François I. Roi chevalier, roi mécène, par Maxence Hermant. Perrin/BnF, 245 p., 25 €.

Marignan 1515 ? Si votre connaissance du règne se François Ier se limite à cela (personne ne vous jettera la pierre) profitez de ce livre pour redécouvrir le monarque de la Renaissance. Comme toujours dans cette précieuse collection où les illustrations fournies par la Bibliothèque nationale de France complètent à merveille le texte on porte un regard neuf sur le sujet. Par chauvinisme on fermera les yeux sur la défaite de Pavie pour retenir en priorité le roi mécène des arts, les châteaux de la Loire, etc. Charles Quint ? Jamais entendu parler. L. H. L. R.

Ouessant, Molène, Houat, Bréhat, par Bernard Plossu et Gwenaëlle Abolivier. Bernard Chauveau édition, 112 p., 45 €.

Bréhat, Houat et Molène lui étaient déjà familiers : il avait, par le passé, braqué son objectif sur les trois îles bretonnes. Au printemps dernier, c’est sur Ouessant qu’il a posé son regard avec la même délicatesse, la même poésie, qui sont ses marques de fabrique. Aujourd’hui, les travaux de Bernard Plossu au large de la péninsule sont réunis dans un ouvrage à deux voix, où les mots inspirés de l’auteure baroudeuse Gwénaëlle Abolivier, Ouessantine de cœur, accompagnent une soixantaine d’images, la plupart en noir et blanc, avec quelques clichés en couleur réalisés avec le mythique procédé Fresson. Plus qu’un livre, c’est une déambulation iodée autour du "monde à part" qu’incarnent ces enclaves insulaires au relief tourmenté et à la lumière changeante. L. D.

Le Figaro. 200 ans de liberté, par Etienne de Montety. La Martinière, 400 p., 49,90 €.

Le 15 janvier 1826 paraissait un nouveau canard se voulant "satirique, spirituel et batailleur" :Le Figaro. Deux siècles ont passé, pas mal d’encre a coulé sous les ponts, et Etienne de Montety, pilier de la rédaction actuelle, raconte l’histoire de son journal de la fin du règne de Charles X jusqu’au crépuscule de Macron. Grâce à plein d’archives captivantes (près de 700 documents !) on voit défiler l’histoire politique, intellectuelle et culturelle de notre vieux pays. A lire ne serait-ce que pour se souvenir que la liberté de blâmer est une vertu cardinale… L. H. L. R.

500 chefs-d’œuvre à la loupe, par collectif. Larousse, 469 p., 39,95 €.

Que représentent les motifs rupestres de la grotte de Manda Guéli au Tchad ? Pourquoi la duchesse du Triomphe de la chasteté de Piero della Francesca a-t-elle le teint pâle ? Quels personnages se cachent derrière Les Ménines de Vélasquez ? Quels détails ont fait de La liberté guidant le peuple de Delacroix un puissant symbole ? Ce livre imposant, qui pèse son poids, autopsie 500 tableaux emblématiques de l’histoire de l’art, de la préhistoire au street art, en passant par Léonard de Vinci, Degas, Andy Wyeth ou Louise Bourgeois. Une encyclopédie de chevet à mettre entre toutes les mains. L. D.

Epopées graphiques, par Michel-Edouard Leclerc. Flammarion, 302 p., 39 €.

"Patron préféré des Français", Michel-Edouard Leclerc peut agacer avec sa posture de chantre des prix bas, quitte à verser dans la démagogie. Mais nul ne lui contestera sa passion aussi dévorante qu'éclectique pour la bande-dessinée. Cet ouvrage, qui accompagne une exposition au musée de Grenoble, dévoile deux cents planches ou dessins de sa collection, de Bécassine et Little Nemo au début du XXe siècle à Chris Ware, l'Américain multi-primé ayant explosé les modes de narration du 9e art. Le Breton, qui a vu l'explosion des ventes de mangas dans les espaces culturels Leclerc, a même succombé à Astro Boy du génie Osamu Tezuka. T. M.

Matisse sans frontières, par Stéphane Guégan. Gallimard, 223 p., 5 €.

"La rêverie d’un homme qui a voyagé est autrement plus riche que celle d’un homme qui n’a jamais voyagé", affirmait Matisse en 1933 – il avait alors déjà vu l’Afrique du Nord, New York et Tahiti. Ce livre de Gérard Guégan suit la chronologie de la vie et de l’œuvre de Matisse, et il rappelle ce que le peintre doit à l’étranger, mais le titre est trompeur : la préface, piquante, insiste sur la profonde francité de Matisse, ainsi que sur son inclination spirituelle – indiscutable quand on connaît son travail tardif à la chapelle du Rosaire, à Vence… L. H. L. R.

Paradis interdits, par Claudio Pescio. Citadelles & Mazenod, 270 p., 59 €.

Luxure, ivresse et débauche dans l’art : le sous-titre de l’ouvrage annonce clairement la couleur. Ici, l’historien de l’art Claudio Pescio nous parle de plaisirs défendus, de vices, d’exhibition et de subversion tels que les artistes, toutes époques confondues, les ont pensés, figurés ou suggérés. Baigneuses sensuelles, bacchanales débridées, nymphes et sirènes, fantasmes de mâles chasseurs, maisons closes, satires anticléricales et paradis artificiels se succèdent sous le pinceau de Bosch, de Cranach, de Fragonard, de Courbet, d’Egon Schiele et de tant d’autres, tous réunis dans une quête picturale, symbolique ou au grand jour, des paradis interdits. L. D.

Architecture, sous la dir. de Barnabas Calder. Flammarion, 440 p., 49,90 €.

De l’abri préhistorique aux constructions durables du IIIe millénaire, de la boue séchée au béton armé, du futurisme au minimalisme, cette somme encyclopédique retrace plus de dix mille ans d’histoire architecturale. L’ouvrage, didactique et abondamment illustré, zoome sur plusieurs centaines de bâtiments à travers le monde. Persépolis, en Iran, le Pavillon d’or, à Kyoto, le Palais Farnese, à Rome, le château de Peyrepertuise, dans les Pyrénées françaises, la gare de Saint-Pancras, à Londres, ou encore le Gugghenheim de Bilbao sont ainsi passés au crible, chaque matériau, technique et innovation détaillé à l’aide de schémas. Une bible ! L. D.

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