Jouets et torches en main, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues hongroises ce samedi 13 décembre, répondant à l’appel du chef de l’opposition, Péter Magyar. Le motif de ce rassemblement : la diffusion le 9 décembre d’une vidéo montrant les sévices infligés à des mineurs internés dans un centre éducatif fermé de Budapest, dernière goutte d’un vase prêt à déborder. Les images montrent le responsable par intérim de l’établissement en train de battre violemment l’un de ses pensionnaires à la tête. L’auteur des coups et plusieurs autres éducateurs du centre de la rue Szolo ont été arrêtés par les forces de l’ordre.
Agressions sexuelles, prostitution forcée de mineurs, passage à tabac… Depuis deux ans, plusieurs scandales ont secoué les établissements pour mineurs en difficulté, notoirement en manque de financements après une politique de coupes budgétaires. Dans le viseur des manifestants : Viktor Orbán et son gouvernement qui se targuent volontiers d’œuvrer en faveur de la protection de l’enfance. Farouchement conservateur, l’homme qui dirige la Hongrie depuis 15 ans n’hésite pas à communiquer sur ses efforts pour "protéger les enfants de la propagande LGBT+ " en prohibant aux moins de 18 ans l’accès à des contenus représentant l’homosexualité.
Un ancien directeur suspecté de proxénétisme
A quelques mois des élections législatives du pays, Péter Magyar, qui caracole en tête des sondages, fait partie des voix qui s’élèvent pour dénoncer la maltraitance sur mineurs. L’homme politique affirme s’être procuré un rapport confidentiel destiné à l’exécutif hongrois, faisant état des abus sur mineurs dans le pays. "Il démontre plus clairement que jamais que Viktor Orbán et les autorités disposaient d’informations détaillées sur des abus systémiques commis contre des enfants depuis au moins quatre ans, et qu’ils n’ont pourtant rien fait", cingle le chef d’opposition sur X. Selon le document, "38 % des tuteurs chargés de la protection de l’enfance ont connaissance d’au moins un enfant ayant subi des abus sexuels pendant la durée de la prise en charge".
A mai napon eljutott hozzám egy, az Orbán-kormány részére készült, elhallgatott, hivatalos jelentés az állami gyermekvédelem alatt álló gyermekeket érő egészen elképesztő bántalmazásokról.
Nem hamisított, nem mesterséges intelligenciával összetákolt, hanem egy szakemberek által… pic.twitter.com/MCeJTSeFxx
Et ce n’est pas la première fois que ce centre éducatif fermé de la rue Szolo fait couler de l’encre. Au printemps dernier, son directeur avait été arrêté par la police, visé par une enquête pour proxénétisme, trafic d’êtres humains et blanchiment d’argent.
L’homme qui était à la tête de l’établissement depuis 2011 avait été décoré à plusieurs reprises pendant son mandat. Apparaissant sur des médias de propagande, il ne dissimulait pas sa proximité avec le pouvoir en place et ses valeurs conservatrices. Selon les révélations du média Hongrois Magyar Jelen, "plusieurs enquêtes et procédures avaient déjà été menées au cours des trente dernières années" pour des faits similaires. Au début des années 2000, des poursuites pénales avaient été engagées "pour suspicion d’abus sexuels très graves", accompagnées de "témoignages accablants de plusieurs personnes". Une affaire finalement abandonnée "faute de preuve".
Protéger les enfants des "scélérats"
Dans les jours qui ont suivi les révélations de maltraitance, les réactions du gouvernement hongrois ont davantage ravivé les tensions qu’elles ne les ont apaisées.
Le porte-parole du gouvernement, Gergely Gulyas, a tenu à rappeler que le centre fermé hébergeait des mineurs délinquants, dont "27 personnes condamnées pour vol" et "quatre pour agression sexuelle". Une intervention interprétée comme une tentative de justifier le recours à la violence sur ces enfants. Des propos que Viktor Orbán a depuis tenté de nuancer, affirmant que "même un jeune délinquant ne doit pas être traité comme ce surveillant a traité le détenu. C’est inadmissible, sans l’ombre d’un doute". Et le Premier ministre de poursuivre : "la rue Szolo est une institution particulière. Elle accueille des mineurs délinquants, tous ayant commis des crimes. La plupart sont des crimes graves, y compris des meurtres. C’est, à proprement parler, une forme de prison".
"Même si un enfant a été condamné, cela ne veut pas dire que vous pouvez le frapper sur le sol, piétiner sa tête, ou la battre avec un bâton", a tancé samedi Péter Magyar devant un parterre de manifestants. Et l’homme politique d’ajouter sur X : "un gouvernement qui a permis et couvert les abus physiques et psychologiques infligés à des enfants ne peut rester au pouvoir un jour de plus", promettant de protéger les mineurs en difficulté des "scélérats" d’ici 121 jours, tout au plus, date des élections législatives hongroises.

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