Le chef de l'Otan a appelé jeudi 11 décembre à "tester" Vladimir Poutine pour déterminer s'il "veut la paix en Ukraine" en établissant un plan soutenu par les Etats-Unis et l'Europe, après la remise par Kiev à Washington d'une nouvelle mouture pour mettre fin à la guerre.

"Est-ce que je pense que les Etats-Unis et l'Europe parviendront à s'entendre sur la question de l'Ukraine ? Oui, j'en suis convaincu", a dit le secrétaire général de l'Alliance, Mark Rutte, au cours d'un débat à Berlin. "Suis-je sûr que les Russes accepteront ? Je ne sais pas. C'est le test", a-t-il ajouté, appelant à voir si Poutine "est sérieux".

Il a également une nouvelle fois jugé que le président russe ne s'arrêterait pas à l'Ukraine si les Européens n'investissaient pas massivement dans leur défense. "Si vous aimez la langue allemande et que vous ne voulez pas parler russe, c'est crucial d'investir massivement dans la défense, c'est une condition sine qua non, car sinon (Poutine) ne s'arrêtera pas à l'Ukraine", a martelé Mark Rutte.

Pékin, la "bouée de sauvetage" de la Russie

Dans un discours prononcé avant le débat organisé par la Conférence de la sécurité de Munich, l'ancien Premier ministre néerlandais a par ailleurs reproché à Pékin d'être la "bouée de sauvetage" de la Russie. "Sans le soutien de la Chine, la Russie ne pourrait pas continuer à livrer cette guerre. Par exemple, environ 80 % des composants électroniques essentiels (présents à bord) des drones russes et d'autres systèmes sont fabriqués en Chine", a-t-il dit.

Ce pays, l'un des principaux partenaires commerciaux de la Russie, revendique une certaine neutralité dans le conflit en Ukraine mais elle s'est abstenue de condamner l'invasion russe et a, depuis son déclenchement, approfondi ses relations avec Moscou.

En outre, pour Mark Rutte, si l'Ukraine se retrouvait "sous le joug de l'occupation russe", cela coûterait très cher aux Etats faisant partie de l'Alliance atlantique, une organisation qui devrait alors "augmenter considérablement sa présence militaire le long de son flanc oriental". Ce jeudi, la Russie a revendiqué la prise de la ville de Siversk, dans l'est de l'Ukraine, l'un des derniers verrous sur ce front qui empêchent les forces russes de s'approcher des grandes cités régionales de Kramatorsk et de Sloviansk. Comptant environ 11.000 habitants avant la guerre, cette ville est aujourd'hui en grande partie détruite.

Au dernier sommet de l'Otan à la Haye fin juin, ses pays membres ont promis de consacrer d'ici à 2035 5 % de leur PIB (au moins 3,5 % pour les dépenses strictement militaires et 1,5 % à des dépenses liées à la sécurité). Les Etats-Unis de Donald Trump ont mis une pression considérable pour que l'Europe dépense plus pour sa propre sécurité, l'accusant d'avoir profité des décennies durant des largesses américaines.