Limiter la folie dépensière : sage comme un Suisse (épisode 2), par Eric Chol

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On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. 2008-2025 : la France traîne derrière elle dix-sept années de creusement intensif de sa dette, passée de 1 300 à 3 400 milliards d’euros (de 68,1 % à 115 % du PIB) ; dix-sept années à jouer avec les règles de Bruxelles sans jamais les respecter.

Dépenses à gogo, impôts à foison : ce qui caractérise nos finances publiques, c’est d’abord le laxisme avec lequel nos dirigeants successifs les traitent. La France mérite son bonnet d’âne. Les préconisations de bonne gestion s’accumulent, depuis la Cour des comptes jusqu’aux notes de Terra Nova ou de l’Institut Montaigne, mais rien n’y fait. Le gouvernement Lecornu n’échappe pas à la règle, en feignant de croire qu’un retour du déficit public sous la barre des 3 % du PIB est encore possible, alors qu’il n’en sera rien.

Nos élus sont de grands irresponsables

La France n’a jamais été sérieuse en matière de finances publiques, et ce ne sont pas les députés actuels qui nous feront croire l’inverse. Nos compatriotes, qui, courageusement, tentent de suivre la saga du budget 2026 le savent : nos élus sont de grands irresponsables.

Des accros à l’argent public, du RN à LFI en passant par les socialistes. Même ceux issus des formations dites raisonnables ne se montrent guère plus enclins à la vertu budgétaire. Abandonner du jour au lendemain une réforme des retraites indispensable pour rester quelques mois de plus à Matignon : ça fait cher le plat de lentilles !

Nos députés ne sont pas sérieux, et ils le sont d’autant moins qu’en l’absence de majorité, le gouvernement, très vulnérable, n’a que le mot compromis à la bouche, synonyme de nouvelles concessions. Entendre Bercy se féliciter d’une croissance de 0,8 % au lieu de 0,7 % en 2025, ou d’un déficit ramené à 5,3 % du PIB au lieu de 5,4 % projeté a de quoi déclencher une crise de fou rire. A croire qu’on n’est pas sérieux même quand on est à Bercy. Mais qui l’est, alors ?

La sagesse budgétaire existe ailleurs en Europe. Nos voisins ne sont pas spécialement des surdoués ou des maniaques des excédents des comptes publics. Mais ils connaissent les faiblesses d’un personnel politique plus enclin à taper sur la touche des plus que sur celle des moins en matière de dépenses publiques.

C’est pourquoi les Suisses se sont dotés, en 2003, d’un frein à l’endettement, inscrit dans la constitution fédérale. Sage décision : "leur taux d’endettement, qui atteignait les 25 % du PIB en 2002 a été ramené à 17 % en 2024. Ce dispositif, adopté par référendum, oblige les gouvernements, quelque que soit leur couleur politique, à ne pas faire de déficit en période de croissance, et à constituer des réserves utilisables en période de récession. D’autres pays ont suivi, mais cela exige un minimum de consensus politique chez les élus", commente François Facchini, professeur des Universités de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. C’est précisément le genre de garde-fous qui mettrait la France à l’abri des manies dépensières de nos politiques, sans pour autant entamer le pacte démocratique qui régit l’adoption d’un budget.

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