Palmarès. Avec "Le Journal d’un prisonnier" (Fayard), l’ancien président de la République réussit le meilleur démarrage de 2025. Un phénomène de librairie qui a de quoi déconcerter.
Publié le 19/12/2025 à 17:28

Nicolas Sarkozy peut sourire : son livre "Le Journal d'un prisonnier" s'impose dès sa sortie comme l'un des succès de l'année.
afp.com/Ludovic MARIN
Cette année, on parlait de 484 romans à paraître fin août lors de la rentrée littéraire. Un embouteillage. A l’inverse, la coutume veut que les éditeurs laissent les libraires tranquilles en décembre, en ne leur livrant aucune nouveauté. Ne se souciant pas des bonnes manières et ne faisant jamais rien comme personne, Nicolas Sarkozy a programmé le 10 décembre la publication de son récit Le Journal d’un prisonnier (Fayard). Ils n’étaient que deux à débarquer ce jour-là sur les tables des librairies : Sarkozy et le général d’armée Pierre de Villiers avec Pour le succès des armes de la France (Fayard aussi). L’ancien président allait-il au casse-pipe ? On se disait que tout le monde finit l’année fatigué, que nous avons tous autre chose à faire que de plaindre quelqu’un qui a passé moins de trois semaines en prison, et surtout que la libération tant attendue de Boualem Sansal rendait dérisoire voire gênant ce non-événement éditorial… Et là, surprise : 100 000 exemplaires vendus en une semaine.
Romans et essais confondus, c’est le meilleur démarrage de l’année. Un raz-de-marée à faire passer Joël Dicker pour un auteur démodé. Comment expliquer un tel phénomène ? On ne peut pas imputer cela à la seule force de frappe de Fayard ou au fait qu’il n’y avait (quasiment) pas de concurrence le jour de la sortie. Au fond, cela montre que la cote d’amour dont bénéficie l’ancien président est encore vivace chez ses nombreux supporters. Le leader de la droite n’a jamais été remplacé dans son camp, et on le voit bien en librairie où, cette année, les ex-Premiers ministres Edouard Philippe, Dominique de Villepin et Michel Barnier culminent respectivement à 15 000, 10 000 et 5 000 exemplaires avec Le Prix de nos mensonges (JC Lattès), Le Pouvoir de dire non (Flammarion) et Ce que j’ai appris de vous (Calmann-Lévy).
A l’heure actuelle, si Sarkozy n’était pas empêché par ses casseroles judiciaires et s'il se lançait en campagne (ça fait beaucoup de "si"), on ne voit pas qui aurait la stature pour lui résister… Reste le livre. Le soufflé du succès va-t-il retomber dès la semaine prochaine, une fois que les premiers acheteurs auront lu à tête reposée Le Journal d’un prisonnier ? Nous ne partagerons pas l'enthousiasme de Pascal Praud qui a parlé sur Europe 1 d'un livre "très émouvant" à "l'écriture extraordinaire", "pleine de simplicité, d'intelligence et de sensibilité". Sur le plan purement littéraire, c’est très pauvre. Quant au fond, on a peiné à trouver de l’intérêt à ce texte aussi répétitif qu’une séance de sport quotidienne sur le tapis de course de la Santé.

© / L'EXPRESS
Sans transition, passons de la droite Bolloré à la gauche Minuit. Cette semaine, sur le plateau de La Grande Librairie, Laurent Mauvignier a déclaré que, pour lui, "Noël a eu lieu le 4 novembre" (jour de l’attribution de son prix Goncourt). Depuis, La Maison vide, qui marchait déjà très bien, s’arrache comme des petits pains – on en est à 300 000 exemplaires écoulés. Derrière lui, on retrouve les mêmes que d’habitude, que nous avions traités dès la fin août parmi nos dix événements de la rentrée : Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Nathacha Appanah, Emmanuel Carrère… Ce classement ne bougera plus jusqu’à la fin de l’année. Rendez-vous début 2026 avec les nouveaux livres de Pierre Lemaitre ou Delphine de Vigan pour savoir qui fera bouger les lignes.

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